Terrorisme : …la plaie est toujours ouverte, six soldats morts en martyrs à Jendouba (+3 blessés)

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Tunisie-Tribune (Terrorisme) – A peine remise du dernier attentat survenu il y’a deux semaines à Kasserine, la Tunisie a encore une fois été secouée ce matin par une autre attaque terroriste à Jendouba. Une attaque qui vient nous rappeler que ce fléau est toujours aussi présent dans notre pays malgré les multiples efforts déployés pour le contrer. La Tunisie, à la fois victime et abri pour les terroristes revenant des zones de conflits, réussirait-elle un de ces jours à éradiquer ce fléau ?

Le terrorisme continue à sévir

L’attentat a eu lieu à Ghardimaou dans le gouvernorat de Jendouba à proximité des frontières algériennes, zone qui a témoigné de plusieurs attaques terroristes depuis l’avènement de la Révolution. L’assaut à la bombe manuelle a visé deux véhicules de la Garde nationale qui patrouillaient la région, engendrant leur renversement. Un échange de tirs s’est, par la suite, déclenché entre les agents de la Garde nationale et les éléments terroristes et a fait 6 morts dans les rangs de la Garde nationale selon un récent bilan, ainsi qu’un nombre de blessés qui ont été transportés aux services d’urgence.

Cet attentat s’ajoute à une longue liste d’attaques terroristes auxquelles la Tunisie a été exposée depuis quelques années. Une liste sur laquelle le plus récent attentat est celui de Kasserine survenu le 23 juin 2018. Des éléments terroristes ont attaqué des soldats de l’armée nationale et un berger qui sillonnait les lieux et qui a succombé à ses blessures le lendemain.

Ceci n’est qu’une preuve que le terrorisme n’est nullement mort et que ce danger qui menace la stabilité du pays est loin d’être déraciné. Malgré la volonté des gouvernements qui se sont succédé à lutter contre ce fléau, ce phénomène ne semble pas s’affaiblir et le péril persiste toujours.

Faisant partie intégrante des priorités du gouvernement, la lutte contre le terrorisme a pris une grande ampleur depuis quelques années. Vu leur susceptibilité, les zones frontalières avec l’Algérie ont toujours été surveillées en permanence. Ces zones en pleine turbulence depuis le début des crises en Tunisie sont les plus exposées aux affrontements à l’instar de l’attentat meurtrier commis par un groupe armé islamiste contre une patrouille de l’armée tunisienne sur les Monts de Kasserine en 2013.

Un an plus tard, en 2014, des terroristes tunisiens qui planifiaient un attentat sur le poste frontalier de Kasserine, à 600 mètres du territoire algérien ont été traqués par les forces sécuritaires tunisiennes. Un accrochage a ensuite eu lieu poussant les terroristes à se réfugier dans une montagne proche de la zone. Les opérations du ratissage ont empêché les terroristes de s’infiltrer sur le territoire algérien et leurs manoeuvres ont été neutralisées.

En novembre 2015, l’attentat contre un bus de la Garde présidentielle a incité le chef de l’Etat à promulguer l’état d’urgence comme mesure préventive permettant d’anticiper et de repérer tous les mouvements suspects. Dans la même année, le pays avait été la cible d’attaques sanglantes de Daech à deux reprises. Les attentats du musée du Bardo en mars et celui d’un hôtel de Sousse en juin avaient fait plusieurs dizaines de morts et de blessés.

Face à ces drames qui ont coûté la vie à des citoyens tunisiens et à des touristes étrangers, l’Etat a procédé à la mise en place de nouvelles mesures afin d’optimiser la maîtrise de la situation sécuritaire. Une période d’accalmie a suivi et le danger qui paraissait permanent ne semblait plus aussi évident. Les forces sécuritaires ont réussi à déjouer en mars 2016 l’attentat perpétré à Ben Guerdène visant l’armée et la police où 36 jihadistes ont péri. Une opération qui a marqué un véritable tournant sécuritaire en Tunisie.

Les succès se sont multipliés depuis. En octobre 2016, la police tunisienne a procédé à l’arrestation de deux frères américains convertis récemment à l’Islam à Jendouba. Les deux frères étaient soupçonnés de préparer des attaques terroristes dans le pays et les forces sécuritaires n’ont épargné aucun effort pour mettre fin à leur plan terroriste. Plusieurs autres éléments terroristes ont été appréhendés à travers le territoire tunisien.

L’institution sécuritaire a, certes, enregistré de nombreuses réussites dans son combat contre le terrorisme et la mise en place d’une stratégie de sécurité nationale, objet de la réunion du conseil de sécurité nationale tenue jeudi 5 juillet 2018. Cependant ce dernier incident a prouvé que la menace reste toujours constante et que le terrorisme, cette menace, aussi bien  à l’échelle planétaire qu’en Tunisie, n’a jamais cessé d’exister.

Nul n’est, en effet, à l’abri des menaces terroristes étroitement liées à la montée des groupes terroriste au Moyen-Orient car le terrorisme, bien qu’il ait subi des défaites, perdure encore et n’a toujours pas été vaincu.

Alors que le pays est absorbé par la chaleur estivale, les hausses des prix et les coupures d’eau et que la classe politique ne cesse de s’embourber dans des tiraillements politiques  sans fin, la menace terroriste prend de nouveau le pays au dépourvu et fait 6 victimes.

On ne s’habituera jamais au terrorisme et il ne faut en aucun cas le réduire à un évènement anodin malgré la multitude des attentats. La vigilance est plus que jamais indispensable à présent d’autant plus que les cellules dormantes sont prêtes à attaquer à tout moment et que les combattants aguerris reviennent encore des zones de tensions. La Tunisie doit, de ce fait, prendre en considération la volatilité et l’instabilité accrue de ses environnements intérieur et extérieur dans l’instauration des réformes et des restructurations au sein de l’institution sécuritaire.

Dans ces moments de drame, la récupération politique plonge davantage le pays dans l’incertitude. Pour certaines parties, le limogeage du ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem, récemment remercié par Youssef Chahed, et le grand nettoyage de printemps qui a été opéré au sein de l’institution sécuritaire seraient derrière cet attentat. Pour une partie de l’opposition, le gouvernement actuel n’a pas réussi à assurer la stabilité nécessaire et les appels à un remaniement total englobant le chef du gouvernement deviennent plus incessant, alimentés par le sentiment de colère générale suscité par l’attentat d’aujourd’hui.

Dans les faits, Il est crucial d’implémenter une stratégie pour faire face à ces menaces virulentes qui se nourrissent de la fragilité d’un pays et trouvent un climat propice dans sa vulnérabilité.  Prendre un peu de recul, examiner et analyser les origines de ce fléau est primordial. Tout cela doit se faire dans une parfaite neutralité et le plus loin possible des tiraillements politiques stériles qui ne servent que les intérêts d’une partie au détriment d’une autre et qui ne privilégient nullement l’intérêt du pays…

Source : Boutheïna Laâtar – Businessnews

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