Libye : Etat des lieux et conséquences de l’attaque de l’Etat islamique du siège de la Libyan National Oil Corporation

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  • L’attaque de l’Etat islamique du siège de la Libyan National Oil Corporation a causé des pertes matérielles et humaines considérables

  • Ces attaques aggraveront les difficultés économiques de la Libye et auront des répercussions directes sur sa stabilité politique précaire …et sa sécurité

 Tunisie-Tribune (L’attaque de l’Etat islamique du siège de la Libyan National Oil Corporation ) – Le 10 septembre 2018, l’Etat islamique a attaqué le siège de la Libyan National Oil Corporation, causant des pertes matérielles et humaines considérables. L’attaque est la dernière d’une longue série d’attaques menées par l’Etat islamique contre les installations pétrolières libyennes. Au cours des dernières années, l’Etat islamique a profité de l’instabilité politique et sécuritaire du pays.

Ces attaques répétées peuvent entraver les efforts visant à maintenir les niveaux élevés de production de pétrole atteints au cours de la période récente. Et ce, afin d’exercer de nouvelles pressions économiques sur la Libye.

Des attaques de grande envergure ont été menées ces dernières années

L’attaque de l’Etat islamique contre le siège de la Société nationale libyenne du pétrole (CNO) à Tripoli a fait deux morts et 10 blessés, les attaquants ayant utilisé la tactique de confrontation directe avec des armes et des ceintures explosives.

Ce n’est pas la première fois que des installations pétrolières à travers la Libye subissent des attaques de l’Etat islamique. En février, l’Etat islamique a attaqué le champ d’Al-Dhahara, dirigé par la compagnie pétrolière al-Waha, tuant plusieurs membres de l’armée nationale libyenne.

Au cours des trois dernières années, ISIS a intensifié ses attaques contre les champs pétrolifères et les ports libyens dans la région du croissant de pétrole, bénéficiant de son repositionnement à Syrte, avant de déménager, après sa défaite, dans différentes régions du sud du pays, qui ne sont directement sous le contrôle d’aucune faction militaire dans l’est et l’ouest du pays.

Parmi les attaques de grande envergure menées ces dernières années, l’Etat islamique a attaqué les champs d’al-Mabruk et d’Al-Bahi reliés au port de Sidra en 2015, ainsi que le gisement de pétrole d’Al-Ghani dans le sud. L’Etat islamique a intensifié ses attaques contre les champs de pétrole en 2016 après avoir contrôlé les champs d’al-Mabruk et d’al-Ghani après l’assassinat de huit gardes de campagne avant que l’armée nationale ne soit en mesure de les reprendre en main.

D’autres domaines, comme al-Sarir, al-Bayda et al-Samah, ont également été attaqués à plusieurs reprises par l’Etat islamique.

L’attaque de l’Etat islamique du siège de la Libyan National Oil Corporation et ses nombreux enseignements

Le dernier incident apporte trois indications importantes :

  1. la première est que le groupe État islamique est toujours très présent sur la scène sécuritaire libyenne, ce qui constitue une menace importante, compte tenu de l’instabilité constante et de la rupture continue entre l’est et l’ouest du pays. Ce qui renforce sa position est la présence de cellules cachées à travers les villages et les villes, ainsi que ses tentatives de se repositionner dans des zones désertiques non exposées du point de vue militaire dans le sud.

Ayant été chassé de Syrte, l’Etat islamique a réussi à se repositionner dans le sud de la ville et dans certaines zones désertiques frontalières du sud de la Libye. Cette initiative lui a permis de forger des alliances avec des organisations armées régionales, d’une manière qui, selon de nombreuses estimations, lui permettait de recruter de nouveaux membres.

Cela était évident dans les déclarations du porte-parole de l’armée nationale, Ahmed al-Mesmari, qui a déclaré le 3 mars 2018 que l’organisation avait organisé un retour dans certaines zones désertiques du sud de la Libye et au sud de Syrte. Il est impératif d’apporter un soutien dans le carburant, les armes et la nourriture dans ces zones.

  1. Le deuxième signe se manifeste par l’incapacité de toute partie à l’ouest et à l’est du pays à protéger les cibles vitales du pays, y compris les installations pétrolières, étant donné que les différentes factions belligérantes ont des capacités militaires similaires. En liaison avec les affrontements armés intensifiés entre les factions militaires à Tripoli, au cours des dernières semaines, chaque faction attaque des cibles vitales dans la capitale.
  2. Troisièmement, ISIS est sur le point d’obtenir une autre source de financement s’il peut contrôler les champs pétrolifères, en particulier dans les régions du sud. Toutefois, il est peu probable que cela se produise rapidement, après avoir pu quitter Syrte et obtenir d’autres sources de financement, telles que la contrebande transfrontalière, la vente de dérivés pétroliers et le trafic de drogue. pour dynamiser ses opérations terroristes.

Conséquences possibles

Actuellement, l’Etat islamique n’est peut-être pas en mesure de contrôler les principaux champs pétrolifères en Syrie et en Irak. Ces dernières années il a attaqué des champs de pétrole et des pipelines avant de les contrôler. Ceci est principalement dû aux efforts internationaux visant à limiter l’influence de l’Etat islamique et ses activités au Moyen-Orient. Les frappes aériennes du Commandement des Etats-Unis en Afrique (AFRICOM) contre les dirigeants de l’Etat islamique en Libye, en témoignent. Telles les frappes du 6 juin 2018, qui a éliminé les principaux dirigeants d’Al-Qaïda à Bani Walid, au nord-ouest du pays.

Certes, les développements susmentionnés ont exercé des pressions supplémentaires sur le secteur pétrolier libyen, qui est en proie à une lutte prolongée et persistante entre les deux gouvernements, à l’est et à l’ouest du pays. Sur le terrain, les attaques répétées de l’Etat islamique sur les positions de l’armée nationale et du pétrole perturberont de temps en temps la production.

Pendant ce temps, les forces armées nationales vont devoir concentrer leurs efforts sur les bastions de l’Etat islamique dans le sud, ce qui pourrait inciter les forces libyennes de l’Est à mener de nouvelles frappes sur les champs pétrolifères, une possibilité que de nombreux analystes mettent en avant. Les installations pétrolières seront donc soumises à des attaques soutenues.

En conclusion, on peut affirmer que ce conflit, dans lequel de nouveaux acteurs, comme l’ISIS, sont impliqués, aggravera les difficultés économiques de la Libye et aura des répercussions directes sur sa stabilité politique et sa sécurité.

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