Ouverture des « Nuits d’Ennejma Ezzahra » : Ziara de Sami Lajmi, une esquisse qui ravive un patrimoine liturgique ancestral

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Tunisie-Tribune (Nuits d'Ennejma Ezzahra) – du mot "Ziara", un mot signifiant la visite rituelle prisée par les adeptes des multiples confréries soufies de Tunisie, notamment celles des régions du Sahel, s’est inspiré le compositeur tunisien Sami Lajmi dans son spectacle inédit portant le même nom dans une esquisse qui ravive un patrimoine liturgique ancestral.

Sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd où est niché le vaste Palais d'Ennejma Ezzahra, s’est produit Sami Lajmi dans son spectacle "Ziara", dans le cadre de l'ouverture samedi soir des "Nuits d'Ennejma Ezzahra". "Ziara" est une œuvre artistique réunissant plus de cent artistes où se rencontrent les chants soufis ancestraux et l’ambiance caractéristique des sanctuaires du soufisme avec les sonorités, arrangements et mélodies contemporaines.

La troupe de Sami Lajmi a ouvert, avec une heure de retard (prévu à 22h), le cycle des représentations artistiques du Palais Ennejma Ezzahra dans une représentation qui rappelle l'ambiance mythique des Zaouïas qu'on trouve dans toutes les régions de Tunisie.

A travers un répertoire de chants implorant Dieu, le prophète et les saints, de Baba al Marzouki et Ommi Aicha Al Mannoubia, les artistes ont réinterprété l'ambiance du rituel de la cérémonie de " Ziara", les sonorités propres à ce genre de spectacles qui résonnent dans les oreilles comme un appel à s'associer à l'ambiance, à la fois mystique et mystérieuse où des femmes, tour à tour, surgissent sur scène en transe magique venue du monde des confréries soufies. Remuant la tête et les cheveux en l’air, la danseuse est emportée sur les épaules par une horde d’hommes, une fois la transe finie.

Dans leurs chants traditionnels, les membres de la troupe louaient les qualités morales et spirituelles des confréries, éveillant la foi et le sentiment de nostalgie pour l’héritage des ancêtres. Une sensation d'effroi et d'admiration, chez le public majoritairement féminin qui se laissait emporter par les chants pour se lancer dans la danse-transe, même pour les plus pieuses.

"Ziara" est principalement une recherche artistique sur le patrimoine des chants soufis de la " Aissaouia" et "El Aouemreya", deux confréries présentes à travers la région du Sahel et de Sfax, ainsi que dans d’autres régions du pays mais aussi en Algérie. Véritable spectacle visuel et sonore soufi, "Ziara" est une relecture inédite des rîtes et une réinterprétation du moment de la visite dans les Zaouïas, un rite toujours suivi dans les régions du pays et qui constitue une pratique pas tout à fait religieuse mais plutôt en relation avec la foi et la religiosité.

La conception du spectacle est basée sur "la technique de l'ombre chinoise et du jeu des silhouettes, des corps qui avancent et reculent, comme s'ils étaient poussés par des ressorts invisibles; des mouvements saccadés, des chevelures flottant au vent … ", lit-on sur la page de l’artiste. De par son adaptation, reconstitution et recomposition sonore et visuelle, Ziara se place dans le genre musical soufi des temps modernes qui réussit pleinement à faire du folklore tunisien, une véritable œuvre artistique où show et sensations sont garantis grâce à l’originalité des tableaux chorégraphiques et les séquences interprétées.

Ce genre de spectacle soufi toujours très attendu, surtout au mois du ramadan, avait débuté avec la Hadhra de Fadhel Jazizi, dans les années 80. Avec le succès toujours au rendez-vous de ce genre de musique spirituelle, l’expérience de Sami Lajmi a par la suite trouvé ses adeptes parmi le public tunisien, toujours nombreux à assister à sa fameuse " Ziara ", en tournée ramadanesque à Sousse (10 juin), Hammamet (13 juin), Tunis (17 et 18 juin) et Kairouan (19 juin).

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