Tunisie-Tribune (CNAM) – Face à la suspension unilatérale du système du tiers payant par le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot), la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) a annoncé, dans un communiqué diffusé mercredi 10 décembre 2025, une mesure exceptionnelle permettant aux assurés sociaux de se faire rembourser les frais de médicaments avancés dans les pharmacies privées.
Une mesure exceptionnelle pour pallier la suspension du tiers payant
Dans ce communiqué, le directeur général adjoint de la Cnam, Faisal Chaâar, précise :
« Suite à la décision unilatérale émanant du Syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privées, concernant la suspension du système du tiers payant à partir du 8 décembre 2025, la Cnam a décidé, à titre exceptionnel, de permettre aux assurés sociaux enregistrés dans le régime de soins privé de se faire rembourser les dépenses liées aux médicaments acquis dans les officines privées depuis la date mentionnée. »
Le communiqué ajoute que les assurés sociaux qui n’ont pas pu obtenir leurs médicaments via le tiers payant devront soumettre un formulaire de remboursement, dûment complété par le patient et le pharmacien, accompagné de la prescription médicale, de la facture et des étiquettes des médicaments concernés.
Crise de trésorerie et tensions persistantes avec les pharmaciens
Cette initiative de la Cnam constitue une mesure de rafistolage visant à pallier l’absence de tiers payant, alors que les négociations entre le Spot et la Cnam ont échoué. La décision du syndicat de suspendre le tiers payant avait été annoncée initialement mercredi 3 décembre 2025, puis confirmée dans un communiqué publié le lundi 8 décembre 2025, qui expliquait et justifiait la suspension.
Depuis plusieurs mois, les pharmaciens dénoncent des retards importants dans le paiement de leurs créances par la Cnam. Alors que l’accord initial prévoyait un règlement sous quatorze jours, ces délais ont atteint 150 jours. En 2024, un délai exceptionnel de soixante jours avait été accepté, mais la situation reste critique. Selon les officinaux, ces retards ont fragilisé la trésorerie des pharmacies, compliqué le paiement des fournisseurs et de la Pharmacie centrale tunisienne (PCT), et mis certaines officines, en particulier dans les régions de l’intérieur, en risque de faillite.
Le recours au remboursement direct des médicaments par la Cnam marque une tentative de désamorcer la crise et d’éviter une rupture d’approvisionnement pour les assurés sociaux. Néanmoins, cette procédure reste contraignante pour les patients, qui devront désormais avancer les frais des médicaments et effectuer des démarches administratives supplémentaires pour obtenir leurs remboursements.
Cette situation met en lumière les tensions persistantes entre la Cnam et les pharmaciens tunisiens, et souligne la nécessité urgente de trouver des solutions durables pour garantir la fluidité du système de tiers payant et la stabilité financière des officines.

























































