Tunisie-Tribune (China Eastern) – Alors que les vols extrêmes se multiplient malgré leur impact environnemental, la compagnie China Eastern vient de battre un record avec sa nouvelle ligne entre Shanghai et Buenos Aires. La première pierre d’une route de la soie aérienne ?
Le nouveau vol long-courrier de China Eastern n’a rien d’ordinaire. Avec près de 29 heures dans le sens retour, il est devenu, à son inauguration début décembre depuis l’aéroport de Pudong, le plus long trajet commercial au monde. Celui-ci relie Shanghai (Chine) à Buenos Aires (Argentine) avec une brève escale technique à Auckland (Nouvelle-Zélande). Si l’aller tourne autour de 25 heures, les vents contraires rallongent le voyage de plusieurs heures au retour. Assez pour faire râler les passagers, mais suffisant pour décrocher un record mondial.
Pour les responsables de la compagnie, ce premier vol marque « le début d’une nouvelle étape pour les liaisons intercontinentales », indiquent-ils dans un communiqué relayé par Euronews, mercredi 10 décembre.
Une route très stratégique
Ce vol hors catégorie est assuré par un Boeing 777-300ER de 316 sièges. L’appareil parcourt environ 20 700 kilomètres jusqu’à l’aéroport d’Ezeiza, près de Buenos Aires. Une prouesse technique, mais pas que. Pour China Eastern, c’est aussi un moyen de renforcer ce qu’elle décrit comme une « Air Silk Road », ou « route de la soie aérienne », imaginée pour connecter l’Asie, l’Océanie et l’Amérique du Sud. Avec environ 55 000 ressortissants chinois installés en Argentine, le pays représente une destination stratégique pour la compagnie, qui ouvre ainsi un « corridor sud » destiné à rapprocher les deux extrémités du Pacifique.
Ce lancement arrive alors que les « très long-courriers » se multiplient dans les airs. Les compagnies cherchent davantage à proposer des directs entre régions très éloignées, parfois même qualifiées « d’antipodales », assurés par des avions plus économes.
La course aux long-courriers
Singapore Airlines garde encore la couronne du plus long vol direct, entre Singapour et New York-JFK, qui tourne autour de 18 heures. D’autres routes géantes existent déjà, comme Doha-Auckland avec Qatar Airways, ou Perth-Londres chez Qantas. Toutes dépassent allègrement les 15 ou 16 heures de vol.
Qantas travaille d’ailleurs sur son ambitieux Project Sunrise, prévu pour une mise en place en 2026 ou 2027, qui doit relier Sydney à Londres et New York sans escale. Les durées annoncées oscillent entre 19 et 22 heures et sont rendues possibles grâce à des Airbus A350-1000 équipés de réservoirs supplémentaires. Etihad, Delta, Aer Lingus ou British Airways préparent eux aussi de nouveaux vols long-courriers. Malgré la concurrence qui se profile, le vol de la China Eastern risque de rester longtemps unique.
Reste une ombre au tableau : l’impact environnemental. Le collectif Stay Grounded rappelle qu’un seul vol long-courrier peut émettre plus de CO₂ que « ce que beaucoup de personnes produisent en un an », et même « plus que la consommation annuelle d’un Européen pour se nourrir et se chauffer ».
