Lettre ouverte à Monsieur le Président de la part de la femme tunisienne

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- Monia Sanekli- Tunisie-Tribune-400
Lettre ouverte par Monia Sanekli – (à gauche) – Chercheur et Professeur de philosophie

Tunisie (Tribune libre) – « La majorité des Tunisiens vous a élu et a été enchantée par votre victoire et ascension au pouvoir de la présidence de la République. Le pays est dans une situation particulièrement détériorée avec la menace imminente du terroriste islamiste, la détérioration sociale et la ruine politique. »

Monsieur le Président, vous avez incarné le meilleur des mondes possibles.

- Tunisie-ISIE-Béji Caïd Essebsi élu, officiellement et haut la main-1er Président de la 2ème République
Béji Caied Essebsi – Président

La perspective bourguibiste que vous incarnez ainsi que votre stratégie anti extrémiste ont fait que les femmes se sont vouées corps et âme à votre cause et à celle de la Tunisie.

Des femmes politiques, des artistes, des intellectuelles, des universitaires et des femmes de toutes les couches sociales tunisiennes ont voté pour vous. »

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la part de la femme tunisienne-03
femmes afghannes

« Conscientes du danger qui planait au-dessus de la Tunisie, je peux dire que les femmes tunisiennes ont su réagir face à cet enfer sur terre : horreurs de l’ ISIS, Daesh, jihad en Syrie, guerre civile en Libye (avec femmes et enfants violés et décapités), haine affichée de la femme ; les yazidiennes (minorités et femmes intellectuelles égorgées et violées), les têtes coupées, les brulés vifs… »

Monsieur le président,

« Tuez la féminité au sein d’un peuple ou d’une civilisation et vous aurez le pouvoir absolu sur la société et le pays, stratégie ancrée dans l’histoire des guerres et des conquêtes, des religions et de tout pouvoir obscurantiste.
Élever une culture et une civilisation, c’est nourrir le dévoilement psychique, moral et professionnel de la femme, ses possibilités et ses forces créatrices.

La nature est naturellement double : « féminin/masculin ». Vouloir la réduire à l’absolurent masculin pour en arriver à une société de race masculine n’est qu’une énorme perversion mentale qui coute cher à la société, à son évolution et à sa santé au quotidien. C’est aussi visible dans l’histoire des civilisations et des grands royaumes ou la femme est hautement considérée pour les dons et l’intelligence naturelle dont elle jouit. »

Monsieur le président,

  • Nous Tunisiens faisons partie des grands, nous sommes bien les petits enfants de la reine Élyssa qui n’est pas Tunisienne par hasard.
  • Nul n’est plus féroce, plus sauvage, plus tenace, plus déterminé qu’une femme qui défend sa patrie, sa famille, ou ses enfants, c’est un instinct fatal.

Monsieur le président,

« La majorité des femmes Tunisienne ont voté pour vous, car guidées par cette angoisse de la mort de la Tunisie par un pouvoir destructeur par une soif démoniaque de la puissance et la volonté de démolition rien que pour régner.
Détruire la femme et empoisonner son mode de vie et ses perspectives créatives et de liberté était pour eux le seul moyen d’affaiblir et de fragiliser la société de l’intérieur et le plus court chemin pour régner.
Les Femmes tunisiennes ont continué à être Tunisiennes jusqu’au bout des ongles et se sont battues corps et âme pour une Tunisie moderne et une civilisation de haut niveau. »

- Lettre ouverte à Monsieur le Président de la part de la femme tunisienneMonsieur le président, vous devez reconnaissance et gratitude aux femmes tunisiennes.

« Bourguiba a commencé son règne par l’abolition de la polygamie, le voile “safsfari”, et a imposé l’école obligatoire y compris pour les filles. Ce fut la grandeur de la Tunisie.
Je vous suggère Mr le président de réitérer cette grandeur et commencer votre règne par marquer la gloire de la Tunisie à jamais par le décret :

1- l’égalité dans l’héritage
2- L’égalité dans les responsabilités,
3- La pénalisation systématique des violences contre les femmes et les enfants… »

1-L’égalité dans l’héritage

« Une étude sociologique nous montrerait le grand apport des femmes dans notre société, soit dans le cadre familial, ou professionnel. La femme assume de grandes responsabilités, la plupart du temps inavouées et non reconnues.

La femme s’occupe de ses enfants, des sa famille, de son travail et d’elle-même, ses charges sociales sont d’un point de vue moral ou professionnel plus lourdes que celles des hommes qui jouissent par naissance d’une reconnaissance et de préjugés positifs. Cette injustice sociale fait qu’à un travail maximum de femme et un travail minimum d’homme, l’homme jouit de plus de reconnaissance et de mérites qu’une femme.

L’homme dans les pays arabes est méritant par nature, la femme est méritante par excès de volonté et de perfectionnisme. La concurrence est déloyale et les mérites sont inégaux et injustes. L’inégalité dans l’héritage est un grand exemple de cette situation injuste.

  • La femme a le droit à d’autant de considération et d’équité que n’importe quel citoyen.
  • Décréter l’égalité dans l’héritage est un pas-de-géant vers la vraie démocratie, la citoyenneté et la responsabilité, l’égalité des chances et des mérites.

Octroyer à un citoyen des “effets “ qu’il n’a pas mérité (un homme héritant “le double”, rien que parce qu’il est un mâle) signifie que nous demeurons dans l’injustice, l’inégalité et la discrimination sexiste que même la constitution a banni et de ce fait nous sommes encore à la limite de l’obscurantisme juridique. »

– L’égalité dans les responsabilités

Monsieur le président,

« Notre société regorge de femmes compétentes, instruites, intelligentes, responsables, actives et créatrices, mais hélas devant un homme, aussi compétente qu’elle soit, elle n’a aucune valeur. ‘Les hommes avants’.

Ceci n’est certes pas explicite ou officiel, mais c’est très visible et même mentionné par les statistiques. Les femmes n’ont pas beaucoup de chances pour accéder à des postes de responsabilité, peu importe leur compétence et leur qualification. Les hommes d’abord, ou alors les femmes parrainées par des hommes ( l’exemple de L’ANC est très révélateur), on préfère une femme avec zéro compétence, mais parrainée à une femme compétente. C’est l’amère réalité qu’il faut mentionner. Le statut de la femme éternellement “mineure”.

Dans tous les domaines professionnels (de l’Université, aux entreprises, à la fonction publique, jusqu’au gouvernement), le nombre de femmes qui accèdent à des responsabilités est relativement très minime par rapport aux compétences disponibles.

Ce rituel inavoué Mr le président, ne fait qu’animer le sentiment d’injustice et contribue à la sous estimation des valeurs de la “compétence” “ l’égalité des chances” “ la concurrence loyale” au profit d’une domination machiste dont on n’a plus besoin dans le règne de la justice et de l’équité.

Tout être humain tient sa valeur par ses capacités et non par son organe génital.

Décréter une loi claire et nette qui favorise et récompense les compétences indépendamment de l’identité sexuelle est une nécessité pour l’évolution sociale et le développement des possibilités créatrices. »

3-Pénalisation systématique des violences contre les femmes.

« Mr le président dans ce pays ou le code du statut personnel est le plus développé et le plus moderne, la femme subit encore des violences, des maltraitances, des abus et de l’exploitation, l’enfant est encore victime de certains excès majeurs, tels l’inceste, la violence physique et la violence psychique. Notre société est encore malade, Mr le président.

  • Ces femmes et ces enfants démunis et dans un contexte ou rurale ou défavorisé ne sont jamais protégés par la loi, ou il n’existe pas de plaintes, à moins que les plaintes soient mises sous silence.
  • La famille est le noyau central de la société, protéger ces femmes et ses enfants, c’est contribuer à l’élévation de notre morale sociale vers un mode de vie ou la justice et la coexistence s’apprennent d’abord dans la famille.
  • Un enfant constamment battu et abusé a le maximum de risqué pour devenir un islamiste terroriste, une fille, battue, harcelée et abusée dans sa famille court le maximum de risques pour être tentée par le “nikeh jihad” ou le “ nikeh chaotique “ des islamistes qui ne sont autres qu’une prostitution déguisée.

Déraciner l’obscurantisme et le terrorisme, se passe au niveau de l’enfance et la famille, car la violence se nourrit et se cultive à un âge très bas.

  • Un petit garçon qui observe son père violenter, battre, humilier sa mère ne peut pas contribuer à une société équilibrée, ni éprouver du respect pour les “autres” en général.
  • Une petite fille que son père ou sa mère méprise et violente rien que parce qu’elle est une “fille” ne peut pas contribuer à l’équilibre social bâti sur l’estime de soi et la responsabilité personnelle.
  • Une femme qui subit la violence au quotidien ne peut pas contribuer d’une manière positive dans la responsabilité sociale.

Décréter une loi claire et nette et punir sa non-exécution pour l’interdiction de la violence contre les femmes et les enfants est un impératif catégorique dont toute la société est responsable.

Monsieur le président,

Il est de la santé de notre société et de son avenir que de décréter ces trois lois qui ne sont que des oubliées du code de statut personnel.

  • La Tunisie doit rester Tunisienne, les Tunisiennes se sont battues corps et âme pendant ces quatre ans de chaos total ou plus rien n’avait plus de sens.
  • Mr le président , vous devez reconnaissance et gratitudes à ces Tunisiennes qui vous ont élu pour sauver notre pays et faire barrage à toute tentative de négociation de leurs droits et leur vie.
  • Mr le président vous devez honorer ces Tunisiennes qui sont la fierté du monde arabe, la fierté du pays et qui sont encore et encore déterminées à faire de la Tunisie le pays le plus honorable et le plus estimé du monde.
  • Une femme lésée et “sans valeur” est une proie facile à l’islamisme qui a toujours bâti ses conquêtes à travers l’histoire et le monde seulement et seulement par l’exploitation des femmes. »

Monsieur le président,

« La dignité de la Tunisie post révolutionnaire dépendra de ces trois décrets de lois que vous saurez honorer comme un bourguibiste convaincu. Il est de l’honneur aussi de notre pays d’y adhérer. » –

Par Sanekli Monia