ALGÉRIE : Le bilan des pertes s’alourdit à 12 décès… la désorganisation du ministère de la Santé soulève des inquiétudes (Document)

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Tunisie-Tribune ( bilan des pertes s’alourdit à 12 décès) – Encore un mort des suites des symptômes du COVID-19 en Algérie. Et cette fois-ci, il s’agit d’une personne âgée de 85 ans qui est décédée à Khenchela, à l’extrême-est du pays. Cela signifie ainsi que la pandémie du coronavirus s’est étendue à tout le territoire national et ne dépend plus de son foyer originel, à savoir la région de Blida.

Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas le ministère de la Santé qui a annoncé ce nouveau décès. C’est la direction de la santé et de la population de la wilaya de Khenchela qui a pris la louable initiative de mettre en garde l’opinion publique en annonçant ce cas de COVID-19 et en fournissant des précisions qui en disent encore long sur les défaillances du dispositif sanitaire déployé par le ministère de la santé pour limiter la propagation du coronavirus en Algérie.

En effet, la direction de la santé et de la population de la wilaya de Khenchela a fait savoir que le défunt était hospitalisé à l’hôpital de Khenchela pour des problèmes respiratoires. Le défunt est un patient âgé de 85 ans originaire de la commune de Chechar. Et comme à Azzefoun, les résultats du test de dépistage sont parvenus depuis l’Institut Pasteur d’Alger jusqu’à l’hôpital de Khenchela après… la mort du patient contaminé au coronavirus.

Le système de dépistage mis en place par le ministère de la Santé algérien détecte ainsi les cas contaminés après… leur décès. Une défaillance majeure qui démontre que l’Algérie n’est pas encore capable de détecter à temps les cas graves contaminés pour les traiter en urgence. Qu’en est-il des lors des cas légers qui peuvent contaminer plusieurs personnes à la fois ? A cette question, nul ne peut répondre en Algérie au regard des incohérences terrifiantes du système de prévention déployé par le ministère de la Santé.

Pis encore, ce ministère n’a même pas diligenté une enquête épidémiologique pour connaître le parcours de ce patient contaminé et décédé. A-t-il séjourné à l’étranger ? Comment a-t-il pu attraper ce nouveau virus ? Avec quelles personnes de son entourage est-il en contact ? A toutes ces questions, personne ne connaît la moindre répondre. Khenchela est très loin du foyer principal du coronavirus en Algérie, à savoir Blida et le centre du pays. C’est une wilaya qui est située à plus de 550 Km du foyer du coronavirus en Algérie. Comment ce cas a-t-il pu tomber malade du COVID-19 et décéder ?

Seule l’enquête épidémiologique peut nous fournir une réponse et des indications précieuses pour préserver le reste de la population de la région de Khenchela. Et cette mission incombe au ministère de la Santé qui doit dépêcher une mission d’experts à Khenchela pour coordonner avec les membres de la direction de la Santé de la wilaya afin d’aller sur le terrain et retrouver les personnes contacts avec les patients infectés. Dans un pays qui se respecte et soucieux de la santé publique, une enquête très méticuleuse est enclenchée et qui peut potentiellement porter sur des dizaines d’individu. Sont ciblés : la famille du cas contaminé vivant ou décédé, les amis, le personnel soignant, les passagers voisins lors d’un voyage en transport en commun…

L’objectif est clair : pour chaque patient, il faut retrouver les personnes avec lesquelles le patient atteint de coronavirus est entré en contact et s’assurer qu’elles n’en contamineront pas d’autres à leur tour. Le but c’est bien de contenir l’épidémie « en cassant les chaînes de transmission ». En France, ce travail d’enquête épidémiologique relève des missions de l’agence sanitaire Santé publique France. Pour gagner du temps, la liste de ces personnes contacts est généralement constituée avant même la confirmation du cas. En Algérie, ce travail n’a jamais été fait depuis le début de l’apparition des premiers cas de la pandémie sur le territoire national. Une erreur fatale commise par le ministère de la Santé dont il devra assumer la lourde responsabilité.

Il faut savoir que l’enquête épidémiologique est une procédure internationale, standardisée sous l’égide de l’OMS et très bien rodée lors d’épidémies précédentes comme le Sras en 2002-2003, Mers en 2012-2013 ou Ebola en 2014. Cette procédure est appelée « contact tracing ». Une fois les personnes contacts identifiées, des épidémiologistes se mettent en relation avec eux pour les classer selon trois niveaux de risque :
Nul /négligeable
faible
modéré/élevé
Le plus haut correspond à « des contacts étroits, en face-à-face, à moins d’un mètre, sur une durée suffisamment prolongée, 10/15 minutes« , indiquent à ce sujet les scientifiques. C’est par exemple la situation d’un couple. A l’inverse, le plus bas niveau concerne les soignants qui étaient bien protégés par leur équipement ou des personnes « qui ont des contacts très occasionnels et furtifs » avec le malade. « Si vous le croisez dans la rue, il n’y a pas de raison d’avoir une transmission« , soulignent les références scientifiques.

Malheureusement, en Algérie, aucune étape de ce processus n’est accomplie et le ministère de la Santé algérien ne maîtrise aucun maillon de la chaîne. Ce ministère assure, pour le moment, uniquement la coordination entre l’Institut Pasteur d’Alger et les hôpitaux qui accueillent des cas suspects ou contaminés. Le ministre de la santé algérien fait de beaux discours, mais ses actes sont contraires à l’intérêt général et cette inconscience est en train de faire des morts en Algérie. C’est d’une imprudence inouïe..

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