Tunisie-Tribune (revenu annuel moyen) – Le rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie (BCT) au titre de l’année 2020 publié mercredi 12 août 2020 montre que les banques résidentes en Tunisie ont réalisé des marges d’intérêt record de l’ordre de 3045 millions de dinars à fin 2019 en progression importante de 524 millions de dinars soit l’équivalent de 20.8% par rapport à l’année 2018 2018 et ce, malgré le repli du niveau d’activité des entreprises et les conditions macroéconomiques détériorés dans le pays.
Les banques ont perçu aussi des commissions d’un niveau jamais enregistré pour 1153 millions de dinars pour un rythme d’accroissement frénétique de 66% rien qu’entre entre 2010 et 2017, et ce, selon les données de l’Observatoire de l’inclusion financière relevant BCT.
Au vu, essentiellement, de l’évolution de ces deux rubriques, le secteur bancaire a enregistré une augmentation exceptionnelle de son produit bancaire au titre de l’année 2019 à 5500 millions de dinars.
Il est à indiquer que ces gains reviennent à un changement radical des stratégies des banques, notamment ces dernières années tournées presque exclusivement à la maximisation de leur profits principalement via le financement de l’Etat toujours à court de liquidités pour couvrir son déficit budgétaire (+1251 millions de dinars en 2019) et l’octroi de crédits aux ménages (35% des crédits en 2019) qui sont considérés par les banques comme un segment juteux et peu risqué.
Tout ceci se fait au détriment de financement de l’économie et des entreprises qui a baissé de 4.9% au terme de l’année dernière.
Ces stratégies ont naturellement donné leurs « fruits » puisque le salaire mensuel moyen brut d’un employé de banque s’est élevé, d’après le dernier rapport annuel publié par l’association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) à 6.359 mille dinars.
Le revenu annuel moyen d’un président-directeur général d’une banque tunisienne, d’après les états financiers publiés par les des banques sur le site du Conseil du marché financier (CMF), est de 1 million de dinars.
Globalement et depuis la promulgation de la loi 2016 sur l’indépendance de la BCT, le secteur bancaire tunisien s’est transformé en un secteur rentier cumulant les bénéfices souvent au dépens des normes de respect de la concurrence loyale et les règles du marché.
Rappelons que la déception de larges franges de tunisiens à l’égard des banques tunisiennes était grande aux moments forts de la crise de la Covid-19 en raison de la modicité de leur contribution dans le financement de l’effort national pour lutter contre la pandémie, d’une part et du fait qu’elles ont continué à facturer des marges et des commissions plus chères dans un contexte où tout le tissu économique est ruiné, d’autre part.
