Vaccins contre le Covid-19 : le vrai du faux sur les effets secondaires

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Tunisie-Tribune (Vaccins contre le Covid-19) – Sciences et Avenir fait le point sur les idées reçues autour des effets secondaires des vaccins contre le Covid-19.

La France a (lentement) commencé à vacciner contre le Covid-19. 40% des Français ont déclaré qu’ils pourraient se faire vacciner, selon un sondage Elabe réalisé en novembre 2020. Parmi les sujets suscitant des réticences figurent les effets indésirables après un vaccin. Sciences et Avenir fait le point sur les idées reçues (ou non) autour des effets indésirables.

Les vaccins à ARN modifient notre ADN. FAUX

Certains vaccins, comme ceux de Pfizer BioNTech ou Moderna, fonctionnent sur la technique de l’ARN et comprennent un petit morceau d’information génétique du virus. Mais « impossible de modifier notre ADN en se faisant injecter un vaccin à ARN. Les molécules d’ARN restent dans le cytoplasme, un compartiment de la cellule qui se trouve entre la membrane et le noyau. C’est là qu’il fabrique ses protéines. L’ARN ne peut pas entrer dans le noyau, où seul l’ADN se trouve. Il n’y a pas d’interaction entre notre ADN et l’ARN de virus injecté », explique Bruno Pitard, chercheur du CNRS au Centre de cancérologie et d’immunologie Nantes-Angers, spécialisé dans les vaccins.

ARN et ADN, quelle différence ?

ARN et ADN fonctionnent de façon complémentaire pour « construire » notre corps, constitué en grande partie de protéines. L’ARN (acide ribonucléique) et l’ADN (acide désoxyribonucléique) ont tous deux pour but de fabriquer ces protéines. L’ADN est contenu dans le noyau des cellules. Il ne peut pas directement être traduit en protéines. Il est d’abord traduit en ARN, qui, lui, hors du noyau de la cellule, va pouvoir être traduit en protéine.

Ajouté à cela, l’ARN est détruit par l’organisme en peu de temps. « L’ARN est une molécule fragile et très instable. Elle survit dans l’organisme l’espace de quelques heures, voire de quelques jours maximum après avoir donné ses instructions. » Au-delà, le système s’autodétruit. Un peu comme si on jetait un plan de construction de meuble une fois qu’il est construit. « Après la vaccination, les cellules qui expriment la protéine virale seront détruites pas le système immunitaire, peu importe où elles se trouvent, dans les poumons ou ailleurs. »

De la même manière, si l’introduction de l’ARN du virus dans notre organisme pouvait modifier notre ADN, toutes les personnes contaminées par le SARS-CoV-2 et ayant contracté le Covid-19 seraient alors concernées. Or ce n’est pas le cas : le virus et son ARN sont bien présents dans l’organisme, sans avoir d’effet sur l’identité génétique des malades.

Les vaccins contre le Covid-19 contiennent des adjuvants. VRAI et FAUX

Les vaccins à ARN comme ceux de Moderna ou Pfizer BioNTech ou ceux à adénovirus (AstraZeneca et Johnson & Johnson) n’ont pas besoin d’adjuvants pour fonctionner et n’en contiennent donc pas. C’est la raison pour laquelle ils ont été plus rapides à être mis au point. De même, les vaccins reposant sur des virus entiers n’ont pas besoin d’adjuvants, contrairement aux autres techniques se basant sur un fragment du virus.

Parmi les vaccins contre le Covid-19 en phase III de développement, certains contiennent des adjuvants. Les adjuvants sont des substances ajoutées à l’antigène, et dont l’objectif est d’attirer l’attention du système immunitaire lorsque l’antigène seul n’est pas suffisant. Les adjuvants sont « indispensables à l’efficacité de très nombreux vaccins [comme le vaccin contre la coqueluche, la poliomyélite, les hépatites A et B ou le papillimavirus, ndlr] », explique l’Académie de médecine dans un rapport et rappelle qu' »aucune preuve de toxicité neurologique imputable à l’aluminium de l’alimentation ou des vaccins n’a pu encore être fournie à ce jour. »

Il faut s’attendre à des effets secondaires après la vaccination. VRAI

Des effets secondaires, oui, mais légers. Le bras ayant reçu le vaccin peut être douloureux, présenter des rougeurs ou un gonflement. Plus généralement, le patient peut ressentir des frissons, une fatigue ou un mal de tête. « Ces effets secondaires apparaissent généralement un ou deux jours après avoir reçu le vaccin. Ils ressemblent aux symptômes de la grippe […] mais ils devraient disparaître en l’espace de quelques jours », explique le Centre for disease control (CDC) américain au sujet du vaccin Pfizer BioNTech. Dans ses résultats de phase III, Pfizer rapporte que des réactions sévères de fatigue (3,8%) et de maux de tête (2%) ont été constatés après l’une ou autre dose. « De la fièvre (≥ 38 ° C) a été signalée dans des proportions similaires de vaccinés plus jeunes (16%) et plus âgés (11%). Les taux d’événements indésirables graves étaient similaires entre les groupes vaccin et placebo (0,6% et 0,5%). »

Trois cas de réactions allergiques graves ont été constatés après l’injection du vaccin Pfizer BioNTech. « Les réactions allergiques graves de type anaphylactique peuvent être provoquées par les antigènes vaccinaux mais aussi d’autres composants du vaccin. Elles sont exceptionnelles (estimées à 1,3 réaction par million de doses quel que soit l’âge) mais leur gravité potentielle nécessite que tout médecin pratiquant une vaccination doit s’entourer des précautions habituelles : surveillance après vaccination et adrénaline injectable à disposition. Ces réactions surviennent dans un délai très court (moins d’une heure) après l’injection« , explique Covireivac, la plateforme de recrutement de volontaires pour les tests vaccinaux en France.

Le vaccin pourrait entraîner un syndrome de Guillain-Barré ou une sclérose en plaques. FAUX

Depuis les années 70, des suspicions entourent les vaccins sur un possible déclenchement de syndromes de Guillain-Barré. Toutefois, « le nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré après un vaccin contre la grippe depuis 1976 est de 1 pour 1 million et aucune étude n’a pu faire le lien entre la vaccination et le syndrome de Guillain-Barré », explique le professeur Michael Lunn, neurologue à l’University college de Londres dans une lettre ouverte de la Guillain Barré Syndrome Foundation. Avec son équipe, il a publié une étude dans la revue Brain qui n’a trouvé aucune association entre le syndrome de Guillain-Barré et le Covid-19.  Par ailleurs, « le vaccin contre le Covid-19 n’a rien à voir avec un vaccin contre la grippe. Le Covid n’entraîne pas de syndrome de Guillain-Barré et il n’y a pas de raison de penser que le vaccin pourrait en causer. »

Parmi les effets secondaires à long terme souvent évoqués figure également la sclérose en plaques, une maladie auto-immune chronique qui touche le système nerveux central. Cette rumeur court depuis les années 90 et vise en particulier le vaccin contre l’hépatite B. De nombreux travaux ont tenté d’expliquer ce lien, sans succès. Une récente étude (2019) parue dans la revue Neurology a analysé plus de 223.000 dossiers médicaux. La conclusion des chercheurs de l’université technique de Munich est claire : les résultats « ne montrent pas que la vaccination est un facteur de risque de développer une sclérose en plaques. » Même position nette sur le site d’information gouvernemental Vaccination info service, »les données constituées depuis plus de 15 ans permettent d’écarter avec une grande sûreté un lien entre la vaccination contre le virus de l’hépatite B et la survenue d’une sclérose en plaques. »

Si les vaccins contre le Covid-19 ont été mis au point en un temps record, le recul nécessaire sur les effets secondaires devrait bientôt être atteint. « On s’accorde à penser que des événements graves peuvent survenir jusqu’à six mois après une vaccination, et il peut exister des effets secondaires très rares que l’on ne verra pas tant qu’on n’aura pas vacciné un très grand nombre de personnes », explique Marie-Paule Kienny, la présidente du comité vaccin Covid-19 dans un entretien au Figaro. Peu probable, donc, que des effets secondaires graves ne se présentent plusieurs années après avoir été vacciné.

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