Oussama Khlifi : Kais Saïed a dévié de la voie de la légitimité et changé les règles du jeu

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Tunisie Tribune (Oussama Khlifi) – Le chef du bloc parlementaire de Qalb Tounes, Oussema Khlifi, est revenu, jeudi 23 septembre 2021, sur le décret présidentiel du 22 septembre 2021, spécifiant les dispositions transitoires. Pour lui, le président de la République Kaïs Saïed est sorti de la légitimité et a changé les règles du jeu.

Dans une interview accordée à Hadith Esseâa sur Express FM, le politicien a affirmé que « le décret de la veille est un gel de la constitution et un renversement de ses dispositions, ce qui représente une grave déviation dans l’histoire de la Tunisie ».

Et de soutenir que ces propos ne sont pas tenus uniquement par Qalb Tounes mais aussi d’autres parties qui demandaient l’activation de l’article 80 de la Constitution. « Aujourd’hui, on est sortis du cadre des mesures exceptionnelles vers l’application du programme du chef de l’Etat, hors des dispositions de la Constitution et hors du pacte national qui réunit tout le monde, le tout sans consulter ou se concerter avec personne. Il s’est accaparé le pouvoir tous les pouvoirs dans les mains du chef de l’Etat. Il œuvre hors de la Constitution, profitant de la situation sociale et économique ainsi que la colère du peuple », a affirmé le député.

Oussema Khlifi a martelé : « Le président sous couvert des revendications populaires a fait les mêmes promesses que celles faites en 2011 et selon lesquelles en changeant la Constitution et le régime, la Tunisie deviendra un paradis. Ceci représente une escroquerie envers le peuple et envers les revendications populaires ».

Et d’ajouter : « La constitution est claire : il y a un processus constitutionnel pour l’amendement de ses dispositions. Personne n’a le droit de faire des amendements seul. La constitution n’est pas la propriété ni des soutiens de Kaïs Saïed, ni de ses opposants.

C’est un pacte national, qui a coûté cher au pays, il a été fait avec un large consensus entre les composantes politiques et nationales. Trois ans de concertations à propos de ses dispositions pour se mettre d’accord et qui a fait perdre à la Tunisie beaucoup de temps. Aujourd’hui, tous ces efforts ont été jetés à la poubelle et une personne, certes qui avait la légitimité électorale mais qu’il a perdu ayant gelé la Constitution, nous oriente ailleurs, suspend certaines dispositions et en garde d’autres, mais avec quelle légitimité ? C’est à croire que la Tunisie appartient à Kaïs Saïed et ses acolytes.

La Tunisie n’appartient à personne. Elle appartient au groupe national, à tout le monde. Une telle affaire structurelle ne peut être décidée par une seule personne et ne peut pas suivre une seule idée et une seule orientation sur mesure. Le chef de l’Etat croyant être soutenu par le peuple a décidé de faire une constitution, qui lui permet d’avoir toutes les prérogatives et tous les pouvoirs. Ce n’est pas notre accord et ce n’est pas le pacte social mis en place entre les Tunisiens ».

En réponse à une interrogation de l’animateur, le député a souligné : « Je ne comprends pas comment le président de la République peut être hors du système, alors qu’il le chef du pouvoir exécutif, qu’il a nommé deux chefs de gouvernement successifs. C’est une schizophrénie politique, tout le monde est coupable et en même temps tout le monde ne l’est pas : tout le monde remet en cause les autres et se dit en même temps innocent ».

Et de poursuive : « Aujourd’hui, la situation économique est la priorité aujourd’hui et non pas l’amendement de la constitution et le changement du régime. Qalb Tounes n’a pas écrit la Constitution. Lorsqu’il est venu, il a trouvé les choses en état : ce sont les règles du jeu. Or, une seule personne vient de changer ces règles. C’est comme si on était dans un match de football et une personne vient et demande à tout le monde de rentrer pour qu’il joue seul. C’est une voie erronée et je mets en garde contre cette trajectoire. Ceci aura de lourdes conséquences ne s’occupant pas des priorités des citoyens outre le fait de diviser le peuple, notamment politiquement ».

En réponse à une interrogation sur les actions futures de Qalb Tounes, Oussema Khlifi a recadré la discussion : « Ce n’est plus une question reliée à notre parti, c’est une affaire nationale et une affaire structurelle, d’où notre appel à s’unir : tout le monde doit enlever son étiquette politique pour lutter pacifiquement contre cette déviation du pouvoir et cette sortie de la légitimité et du cadre de la constitution et pour défendre les acquis et les règles du jeu. Nous appelons nos bases à manifester pacifiquement pour soutenir les composantes de la société civile et des partis politiques contre cette déviation ».

Mercredi 22 septembre 2021, un décret présidentiel a été publié dans le Jort spécifiant les dispositions transitoires annoncées deux jours plutôt. Une annonce qui a créé une vive polémique au niveau national, la majorité des politiciens estimant qu’il s’agit d’un coup d’Etat et d’une usurpation de pouvoir, Kaïs Saïed s’étant attribué tous les pouvoirs.

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