Gilets jaunes : Macron s’exprimera ce lundi à 20h00. L’heure est grave. Peut-il retourner la situation et bâtir un nouveau contrat social ?

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Tunisie-Tribune (Gilets jaunes : Macron s’exprimera ce lundi à 20h00) – après un long silence qui en dit long sur la gravité de la situation qui n’appelle pas à l’improvisation, Le chef de l’Etat Français « Emmanuel Macron » va s’exprimer ce lundi à 20 heures. L’accélération des mesures « heures sup » et de la suppression de la taxe d’habitation sont sur la table. Il fait un virage de méthode en recevant lundi matin partenaires sociaux et élus pour « entendre leurs voix » et « les mobiliser pour agir ».

Face à ce « moment grave que traverse la nation », comme l’a dit l’Elysée dimanche après une nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes » entachée de violences , il faut un nouveau contrat social. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur RTL et le Prix Nobel d’économie Jean Tirole dans une tribune au « JDD » en ont rappelé l’urgence dimanche. Faisant l’objet d’un rejet très fort, Emmanuel Macron veut tenter de « réconcilier » les Français avec lui.

Le chef de l’Etat va s’adresser « à la nation » a indiqué dimanche soir l’Elysée, ce lundi à 20 heures. Une allocution qu’il a décidée depuis jeudi, assure un proche, pour « éviter le temps de commentaires de la manifestation, mais pour être là aussi à un moment qui n’arrive pas trop tard par rapport aux Français, et dans un cadre d’échanges avec les partenaires sociaux et élus. »

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait promis dimanche matin qu’il ferait des « annonces fortes ». Elles sont censées « à la fois répondre à la colère du moment » mais « sans jamais abandonner le temps long », puisqu’un débat au plus près des territoires pour trouver des solutions « presque sur-mesure » doit être lancé cette semaine. « Il lui incombe de ne pas faire n’importe quoi. Il doit avoir de l’empathie et de la compréhension à l’égard, non pas des « gilets jaunes », mais des Français dans leurs difficultés. Il sait qu’il est très attendu sur le pouvoir d’achat et qu’il doit être compris. Il ne sera pas « techno » », avance un conseiller de l’exécutif.

Quelles Mesures « concrètes et immédiates » pour Macron ?

S’agissant des mesures « concrètes et immédiates » comme l’a évoqué dimanche sur LCI la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, pour tenter de répondre à la colère, des débats existent encore. Bercy notamment n’offre pas un front uni entre un Gérald Darmanin à la recherche de mesures sur le pouvoir d’achat et un Bruno Le Maire plus soucieux de la compétitivité des entreprises. Celui-ci a qualifié de « catastrophe » pour l’économie les troubles qui agitent le pays depuis près d’un mois.

Mais le chef de l’Etat était à la recherche d’un « geste social fort », dixit un proche, sur le pouvoir d’achat. Sans renier l’esprit de ce qui a été fait jusqu’ici – « le travail doit mieux payer » » – mais en accélérant des mesures en cours ou prévues. Muriel Pénicaud a donc exclu un « coup de pouce » supplémentaire au SMIC, car « ça détruit des emplois ».

Accélération sur les heures supplémentaires et la taxe d’habitation

Emmanuel Macron a bien précisé qu’il ne fallait pas « détricoter » ce qui a été fait pendant dix-huit mois – et notamment la réforme de l’ISF – mais des pistes sont étudiées autour de « mesures symboliques audacieuses », poursuit un proche du président, pour tenter de montrer que la politique menée n’est pas injuste. « Il est méthodique, il cherche en réalité la meilleure équation possible qu’il pourra apporter aux Français », martèle un proche pour lequel l’accélération de la désocialisation – voire de la défiscalisation – des heures supplémentaires – « c’est une bonne réponse, avec le travail qui paie mieux » – tient la corde, tout comme l’accélération de la suppression de la taxe d’habitation.

Réunion à l’Elysée

Il y a le fond, et aussi la méthode. Emmanuel Macron veut montrer qu’il a entendu les critiques sur sa gestion verticale du pays, avec un changement radical à la clef. S’agissant de gestion verticale, déconnectée et trop « techno », des proches lui ont d’ailleurs conseillé d’annuler la réunion du 12 décembre avec les hauts-fonctionnaires de l’Etat. En attendant, le président a décidé de réunir dès lundi matin à l’Elysée les partenaires sociaux – responsables syndicaux et patronaux -, mais aussi les présidents des associations d’élus contactés dimanche en début d’après-midi et les présidents de l’Assemblée, du Sénat, du CESE, pour « entendre leurs voix, leurs propositions » et les « mobiliser pour agir » a fait savoir l’Elysée.

« Ce serait un bas calcul politicien de croire que les problèmes soulevés par la contestation ne se posent qu’au chef de l’Etat », avance Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de France Urbaine, qui sera présent ce lundi. Car il s’agit de préparer la concertation sur les territoires, que des associations d’élus ont déconseillé vendredi dernier de faire dans les préfectures.

Les parlementaires de la majorité, eux, sont conviés à l’Elysée mardi soir. L’occasion de les remobiliser et d’entendre leurs propositions. Certains plaident pour de grandes réformes fiscales mais appuient aussi la réforme institutionnelle pour essayer de répondre à la crise. « Cela fait trois semaines que l’on fait trop peu et trop tard. Il faut une réponse sociale et une réponse politique compréhensible par l’opinion publique, car la crise des gilets jaunes est aussi une crise de la démocratie représentative », plaide l’un d’eux.

Avec sa prise de parole attendue et ces concertations, il s’agit aussi de sauver le  calendrier de réformes à venir – retraites, assurance chômage, fonction publique, institutions – qui toutes, à des degrés variés, sont menacées par la crise des « gilets jaunes ». Emmanuel Macron ne joue rien de moins que… son quinquennat.

Isabelle Ficek et Grégoire Poussielgue – Les Echos

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