Fakhfakh défie Ghannouchi, comme le fit Chahed à Essebsi

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Tunisie-Tribune (Ghannouchi) – Il fallait s’attendre à une réplique du mouvement Ennahdha après que le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, lui a refusé pour la énième fois une demande récurrente (un étrange entêtement !) :

  • « ouvrir la porte du gouvernement pour laisser entrer Nabil Karoui et les siens »

Ennahdha a un peu pris son temps (son communiqué est sorti le 19 juin 2020 alors que Fakhfakh a parlé le 14 juin) pour faire part de sa frustration. L’affaire est d’autant plus importante que le chef du gouvernement ne s’était pas contenté de dire niet à Ghannouchi et aux appels du pied de Qalb Tounes. Il avait prié gentiment, à demi-mots, le leader d’Ennahdha de s’occuper de ses oignons…

Fakhfakh avait dit texto, lors de son dernier entretien avec Attessia, que Ghannouchi est un chef de parti de la coalition gouvernementale et qu’il peut faire ce que bon lui semble dans et pour sa formation. Une manière de lui dire que ce que fait le chef du gouvernement ne le regarde pas. Le président du Parlement n’a pas dû apprécier.

Fakhfakh avait ajouté : «On jugera la coalition gouvernementale quand elle dévoilera ses décrets, quand son programme sera officialisé. J’ai une coalition soutenue par 129 députés et je n’ai pas besoin de renforts. Toutes les familles politiques sont présentes dans le gouvernement et c’est ça le vrai consensus. Je ne vois pas pourquoi je changerai de position et ouvrirait la coalition gouvernementale. Je ne suis pas effrayé par le retrait de confiance. J’ai un projet pour un pays assailli par les dettes, dont les acteurs économiques sont tétanisés. Le gouvernement n’a pas encore échoué et il sera renforcé quand il échouera…»

…un vrai bras de fer qu’on a là !

Si Ennahdha continue de soutenir mordicus qu’il faut absolument que Fakhfakh élargisse dès maintenant son équipe c’est qu’il passe outre la position du chef du gouvernement. C’est un vrai bras de fer qu’on a là. Cela nous rappelle celui qui a opposé l’ex-chef du gouvernement, Youssef Chahed, à son mentor, le défunt président de la République, Beji Caïd Essebsi. Chahed avait à l’époque choisi l’affrontement ultime en passant en force au Parlement.

Ce ne sont pas les maigres troupes de Nidaa Tounes à l’ARP qui pouvaient l’en empêcher. Il est allé au bout de sa logique en taillant la route tout seul, en laissant Nidaa mourir de sa belle mort et en fondant son propre parti. Pour le moment cette stratégie ne lui réussit pas du tout, électoralement. Fakhfakh joue donc un jeu très dangereux. Certes Ennahdha a perdu des plumes au fil des élections depuis 2011, mais reste la première force au Parlement. Et son alliance avec Qalb Tounes et Al Karama pour mater Fakhfakh pourrait faire de gros dégâts. Bon, on n’en est pas là pour le moment, avec cette crise inattendue drainée par le coronavirus, mais sait-on jamais…

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