Peut-être le plus beau jeu vidéo du monde, « Microsoft Flight Simulator » drague le grand public

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Tunisie-Tribune (Microsoft Flight Simulator) – Le titre développé par Microsoft et les Bordelais d’Asobo demeure fondamentalement une simulation pointue, complexe et essentiellement contemplative.

On n’avait plus vraiment de nouvelles de la série des Microsoft Flight Simulator depuis 2006, et la sortie d’un Flight Simulator X, déjà à l’époque, presque anachronique. Une simulation aérienne exigeante, complexe, pointue, dernière itération d’une série dont la raison d’être est de faire la démonstration de la supériorité technique des micro-ordinateurs, à l’heure où triomphaient déjà les consoles et leurs manettes à quatre boutons : qui avait besoin de ça ? Oh, sans doute beaucoup de gens, mais peut-être pas suffisamment pour justifier la mise en chantier d’un nouvel épisode. En tout cas, pas tout de suite.

Il aura fallu attendre quatorze ans (le jeu est disponible depuis le 18 août sur PC) pour assister au retour de Flight Simulator, une série qui, historiquement, et on nous excusera de caricaturer, n’a surtout branché que les papas un peu geeks, amateurs de mécanique et de jeux où l’on s’amuse peu. Un retour triomphal, avec ça : plusieurs semaines avant sa sortie, le Flight Simulator nouveau était déjà de toutes les conversations sur les réseaux sociaux. Sur la boutique en ligne Steam, il a grimpé en tête des ventes. Sur Twitch, le jour de sa sortie, il était suivi par plus de 200 000 spectateurs, faisant de lui l’un des jeux les plus regardés de la plate-forme de diffusion de vidéo en direct.

Un exploit à mettre au moins en partie au crédit d’Asobo, le studio bordelais ayant travaillé avec Microsoft à cette résurrection. Ensemble, les deux entreprises ont fait de l’antique Flight Simulator un produit furieusement de son temps. Un jeu toujours à la pointe en matière de simulation, mais calibré pour le plaisir au-delà du cercle des « simeurs » à la recherche de réalisme pour toucher celui des « gamers ».

Une simulation toujours aussi complète

Que dire des qualités de simulateur de vol de Microsoft Flight Simulator, sans rien dévoiler de notre incompétence crasse en matière d’aéronautique ? Jouable au clavier, à la manette ou avec un joystick, largement paramétrable pour s’adresser aussi bien aux joueurs débutants qu’aux pilotes du dimanche à la recherche d’une simulation ultra-réaliste, Microsoft Flight Simulator s’adapte à tous les publics.

C’est d’ailleurs, en son cœur, un simulateur plus qu’un jeu : on choisit un appareil parmi les vingt disponibles (trente dans la version deluxe), on sélectionne un aéroport pour le décollage parmi les 37 000 modélisés, éventuellement un deuxième pour l’atterrissage, et, si l’on est du genre à se prendre au sérieux, on définit un plan de vol précis entre les deux. Les esthètes pourront s’amuser avec les paramètres météo (ou utiliser la météo véritable, que le jeu met à jour en temps réel), choisir l’heure de la journée… et c’est tout.

Pas d’autre défi que celui représenté par la physique, pas d’autre objectif que celui d’atteindre sa destination – à moins que l’on ne préfère prendre la tangente et partir découvrir le monde, entièrement modélisé, avec une précision jamais atteinte dans un jeu vidéo.

Si les plus grandes villes sont reproduites plutôt fidèlement, les autres sont générées par une intelligence artificielle : le résultat demeure très proche de la réalité.

Attention, jeu exigeant

C’est justement cet aspect qui fait que ce nouveau Microsoft Flight Simulator a excité la curiosité du grand public : la promesse de pouvoir voler partout, de survoler n’importe quel village, n’importe quel monument ou n’importe quelle merveille de la nature, et d’en prendre plein les yeux. Cette promesse est largement tenue. Flight Simulator est peut-être le plus beau jeu de tous les temps, si par « beau » on entend « photoréaliste ». C’est réellement une expérience incroyable, futuriste, que de promener le curseur de sa souris sur le planisphère du jeu, de cliquer n’importe où, et de se retrouver, après certes un gros temps de chargement, à pouvoir y flâner librement.

Même s’il faudra, pour en profiter, bénéficier d’un PC puissant et récent : d’abord testé sous Shadow, une machine virtuelle équipée d’une carte graphique haut de gamme d’il y a quatre ans (une GeForce GTX 1080), le jeu a montré des signes d’essoufflement malgré une qualité graphique dégradée. Ce n’est que sur une GeForce RTX 2070 Super (en français, une carte graphique à plus de 500 euros) que nous avons pu vraiment bénéficier de paysages de carte postale – et encore, sans atteindre une fluidité optimale.

Un jeu pour qui ?

Ces graphismes hallucinants de beauté, les « simeurs » s’en ficheront : ils passent l’essentiel de leur temps au-dessus des nuages. Mais les joueurs, eux, s’en contenteront-ils ? Certes, Flight Simulator propose une série de défis, avec divers scénarios, où il s’agit de se poser ou de naviguer dans des conditions difficiles. A la clé : un score, pour comparer sa performance à celle des autres joueurs. Certes, Asobo Studio promet du nouveau contenu à un rythme régulier, une amélioration de l’intégration de points d’intérêt emblématiques et encore trop grossièrement modélisés.

Certes, certes. Mais une fois passé la stupeur de la découverte, combien de néophytes, finalement pas si intéressés que ça par l’aviation, seront prêts à débourser 70 € (120 € pour la version Premium Deluxe, plus complète) pour une expérience essentiellement contemplative ? Combien vont se rendre compte que ce genre de produit n’est, au bout du compte, pas vraiment pour eux ?

Heureusement, pour ces curieux, reste l’offre « Game Pass pour PC » : 4 € par mois pour accéder au catalogue Microsoft, dont Flight Simulator. On devine qu’elle est là, la motivation de Microsoft à financer ce projet pharaonique, presque disproportionné par rapport à ce qu’en attend son cœur de cible, les « simeurs » : que ce jeu serve, pour les autres, de produit d’appel à l’abonnement « Game Pass ». Mais qu’importe l’astuce marketing : pour les amoureux de pilotage, ceux qui attendaient ça depuis bientôt quinze ans, ce nouveau Flight Simulator est une claque technologique et un bijou d’ergonomie inespéré.

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