Essonne : 7 ans de prison pour la jeune femme qui a tué son bébé, après son accouchement

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Tunisie-Tribune (tué son bébé) – Leisami, 30 ans, comparaissait devant la cour d’assises de l’Essonne depuis mercredi pour le meurtre de son nouveau-né. Le verdict a été rendu ce vendredi après-midi. Elle est condamnée à 7 ans de prison. L’avocat général avait requis 10 ans.

«Liliano, c’est une petite étoile filante. Tout ce qu’il reste de lui aujourd’hui, c’est un album photo dans un rapport d’autopsie». Ce vendredi matin, à l’heure des réquisitions de Charles Hebrard, l’avocat général, la question n’est plus de savoir si Leisami, 30 ans, est coupable du meurtre de son nouveau-né. Cette jeune Cap-Verdienne, qui comparaissait devant la cour d’assises de l’Essonne depuis mercredi, a reconnu les faits en décembre 2017.

« Vous allez maintenant devoir déterminer quelle peine pour ce geste fatal d’une mère sur son fils », annonce le magistrat aux jurés. « Pour rendre justice au petit Liliano », lui a requis 10 ans de prison à l’encontre de Leisami, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Les jurés ont rendu leur verdict en milieu d’après-midi : ils l’ont condamnée à 7 ans de prison.

« Je ne sais pas ce qui m’a pris »

Le drame se noue ce matin du 13 juin 2017. Seule dans le pavillon de Viry-Châtillon qu’elle occupe avec son mari et sa fille de 5 ans, Leisami, arrivée en France en novembre 2016 pour rejoindre son compagnon, est prise d’une forte envie d’uriner. « J’ai poussé tellement fort que l’enfant est tombé dans la cuvette des toilettes », a expliqué à la cour la jeune femme, dont les propos sont traduits du portugais vers le français par un interprète.

Dans la foulée, elle prend le nouveau-né dans ses bras et lui pince le nez pour l’empêcher de respirer. Puis elle le replace dans la cuvette des WC et s’assoit sur son rebord, avant d’appeler à l’aide une cousine éloignée, qui vit à proximité. « Je ne sais pas ce qui m’a pris », a-t-elle assuré, derrière la vitre du box des accusés, les larmes aux yeux.

« La détresse d’une mère »

Pendant six mois, Leisami ne dit rien. Puis, un soir de décembre, elle avoue à son mari, Nelson, que c’est elle qui a tué le bébé et que celui-ci est le fruit d’une relation extra-conjugale. Une aventure qu’elle a eue quelques semaines avant son arrivée en France, « mi par dépit, mi par vengeance », selon les termes de l’avocat général, attristée par les conquêtes de Nelson, un chauffagiste à la situation confortable, avec qui elle entretenait une relation à distance depuis 6 ans.

«Pour juger, vous serez tiraillés entre l’extrême gravité de cet homicide commis sur ce petit être sans défense, poursuit l’avocat général. Et la détresse de cette mère, sa dénégation tragique de l’origine adultère de cet enfant». Car pendant toute sa grossesse, Leisami s’auto-persuade que l’enfant est bien celui de son mari. Avant de partir du Cap-Vert, elle a pratiqué un avortement clandestin. Une fois en France, elle se rend pourtant compte qu’elle est à nouveau enceinte. Mais cette fois-ci, elle est certaine que l’enfant qu’elle porte est celui de son mari.

« La politique de l’autruche »

Quand elle lui fait part de sa grossesse, lui estime que ce n’est pas le moment pour avoir un bébé. Le couple tente alors d’avorter mais le délai légal est passé. Les médecins et les sages-femmes leur indiquent par ailleurs que le nourrisson va naître en juin. Ce qui signifie qu’il est bien le fruit de la relation adultère que Leisami a eue avant d’arriver dans l’hexagone. Mais les deux trentenaires n’écoutent pas : ils restent convaincus que l’accouchement aura lieu en août.

« Leisami a terriblement honte, analyse l’avocat général, qui souligne le poids d’une culture où « l’adultère d’une femme est plus grave que celui d’un homme ». Elle a peur d’en parler à son époux. Elle sait qu’il n’acceptera pas d’avoir un enfant qui n’est pas de lui sous son toit ». La jeune femme pratique alors « la politique de l’autruche », jusqu’à cet accouchement solitaire chez elle.

«Une vie rêvée qui s’effondre»

«Cette naissance, c’est la fable de l’enfant légitime qui disparaît, décrypte le magistrat. C’est aussi son couple qui s’effondre, cette vie rêvée en France, mais aussi l’image intègre qu’elle a d’elle-même». Pourtant, il l’affirme : Leisami avait des portes de sortie. «Elle était, certes, prise dans un système machiste et patriarcal, mais elle n’avait rien à craindre pour son intégrité physique à révéler cet adultère, insiste-t-il. Ce qu’elle redoutait, c’est la relégation sociale».

Une analyse qui ne tient pas selon les deux avocates de l’accusée. « Ce n’est pas une histoire de petit pavillon, martèle Me Laure Heinich, qui estime que sa cliente n’aurait eu nulle part où aller si elle avait été mise à la porte par son mari. Nelson n’a peut-être pas le pouvoir de vie ou de mort sur elle, mais il a celui de la renvoyer à sa misère et à sa solitude».

Avec Le Parisien

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