Covid-19 : Décès de Manu Dibango, saxophoniste et musicien de légende, père de la worldmusic et auteur de l’incontournable Soul Makossa (vidéo)

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Tunisie-Tribune (Décès de Manu Dibango, – Hospitalisé depuis plusieurs jours après avoir été contrôlé positif au coronavirus le 12 mars dernier, Manu Dibango, 86 ans, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz est décédé.

Manu Dibango, une vie entièrement consacrée à la musique.

Manu Dibango a cultivé le swing, avec une musicalité portée au somment de son art. Celui que l’on connaissait par son saxophone, son rire célèbre et son crane luisant qui lui donnait des allures d’extraterrestre s’est employé, avec succès, à coudre pendant plus de soixante ans le drapeau bigarré des nations unies de la musique. Formidable défricheur de sons se revendiquant comme « un musicien généraliste, pas spécialiste, épicurien d’abord », il apparaissait là où personne ne l’attendait.

Son succès considérable obtenu avec Soul Makossa en 1973 avait fait de lui l’un des pères fondateurs de la worldmusic. Le jazzman camerounais était également considéré comme le parrain de la scène musicale africaine qui s’est développée à Paris, d’abord de façon souterraine à partir de la fin des années 60 puis à la lumière à partir des années 80, et dont il fut le catalyseur. Au fil du temps, son image s’était même progressivement confondue avec l’Afrique. S’il a essayé sans relâche de promouvoir par tous les moyens son continent natal, il a entretenu avec lui une relation complexe, faite de naïveté revendiquée et de désillusions amères.

C’est en 1949, alors qu’il n’a pas seize ans, que Manu Dibango quitte le Cameroun, le certificat d’études en poche. Son père, fonctionnaire, avait décidé de l’envoyer poursuivre sa scolarité en France. Le jeune garçon est accueilli à Saint-Calais dans la Sarthe. Loin de sa famille, il retrouve pendant les vacances d’autres lycéens africains pensionnaires.

Avec Francis Bebey, qui devient aussi l’une des figures de la musique camerounaise, il monte son premier groupe, orienté vers le jazz qu’il écoute à la radio. L’amour de la musique, ressenti depuis sa jeunesse au temple protestant, l’écarte des études.

Passé du piano au saxophone en 1952, il se fait rapidement connaître des orchestres de la région de Reims où il s’est installé, puis mène en Belgique pendant quelques années « une existence d’OS (ouvrier spécialisé, NDR) de la musique », engagé par les clubs d’Anvers, Charleroi, Ostende, Bruxelles, jouant sur les bases américaines d’Europe de l’Ouest… Le répertoire n’est pas toujours celui qu’il préfère, mais il apprend les standards, se familiarise avec toutes sortes de rythmes et de sonorités.

Avec le Congolais Joseph Kasabélé, il a l’occasion de renouer avec l’Afrique : l’auteur d’Independance cha-cha et leader de la formation zaïroise African Jazz le prend en studio puis en tournée en 1961 dans son pays tout juste indépendant. Manu Dibango reste quatre ans sur le continent africain, montant des groupes dans les boites de Kinshasa, puis Douala et Yaoundé au Cameroun.

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