Test de l’Asus ROG Phone 5 : le smartphone gaming à son paroxysme

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Tunisie-Tribune (Test de l’Asus ROG Phone 5) – Non, Asus ne joue pas à saute-mouton. Le ROG Phone 5 succède au ROG Phone 3, non pour des raisons marketing ou commerciales mais par simple superstition (le numéro 4 est très mal vu en Asie). Le ROG Phone 5 est donc le quatrième smartphone gaming conçu par Asus et pour la première fois il se décline en trois versions : ROG Phone 5, ROG Phone 5 Pro et ROG Phone 5 Ultimate. Vous suivez ?

Comme chaque année, les ingénieurs d’Asus se sont creusés les méninges pour repousser les limites de ce que peut intégrer dans ce petit rectangle bourré de technologies. Une démonstration de force visant avant tout à satisfaire les amateurs de gaming, mais aussi à entretenir son image de marque dans l’univers du jeu.

Asus le reconnaît tout de même : le smartphone gaming connaît un franc succès en Asie, beaucoup moins en Europe. Mais le constructeur en est convaincu, le jeu vidéo sur mobile explosera dans les années à venir. On veut bien le croire. En attendant de savoir si les prédictions du taïwanais se confirment, place au test du ROG Phone 5.

Prix et disponibilité

Le ROG Phone 5 sera disponible dès le 29 mars en version 16/256 Go (notre version de test) au prix de 999 euros. La version 12/256 Go sera commercialisée deux semaines plus tard au tarif de 899 euros. Enfin, le modèle le plus abordable (8/128 Go) débarquera fin avril au prix de 799 euros.

Asus lancera également le ROG Phone 5 Pro (16/512 Go) courant avril et le ROG Phone 5 Ultimate (18/512 Go) aux tarifs respectifs de 1199 et 1299 euros. Le premier sera disponible courant avril, le second au mois de mai en quantités très (très limitées).

Design

Après un ROG Phone 3 plus sobre, Asus renoue avec les codes du gaming et livre un ROG Phone 5 inspiré du Zéphyrus G14, un PC portable gaming dont il semble très fier. Cet héritage se matérialise d’abord par un logo éclatant de LED camouflé sous une matrice en pointillés.

Asus revient surtout à des dessins plus anguleux conférant au smartphone un look plus agressif. Son module photo horizontal est sans doute la plus belle illustration de cette philosophie.

Si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, force est de constater que le design du ROG Phone 5 n’est pas des plus agréables à regarder. Le constructeur tente bien un coup de poker en déclinant son smartphone gaming dans un coloris blanc/bleu, mais le résultat manque de sobriété. Pour le coup, nous préférions la démarche entamée avec le ROG Phone 3 mais Asus explique que le retour du design gaming était très demandé par sa communauté. Soit.

En dehors de ses nouvelles lignes, le ROG Phone 5 a fait l’objet de quelques ajustements. On pense par exemple au tiroir de cartes SIM, désormais peint en rouge (sur notre version noire de test) ou bleu (sur la version blanche). Les célèbres gâchettes AirTriggers sont toujours positionnées sur la tranche droite mais sont plus proches des extrémités pour faciliter la tâche aux utilisateurs ayant de petites mains. Enfin, le jack 3,5 mm fait son grand retour.

Pour le reste, Asus reprend les mêmes ingrédients que sur le ROG Phone 3. En plus de l’USB-C placé sur la tranche inférieure, le ROG Phone 5 intègre un port propriétaire revu et corrigé sur la bordure gauche. Il permet de recharger le smartphone tout en jouant mais aussi d’y connecter certains accessoires comme le ventilateur. L’écran, lui, est toujours certifié sans encoche ni poinçon, Asus estimant que l’un comme l’autre gâchent l’expérience de jeu.

Au delà des choix esthétiques clivants, ce ROG Phone 5 n’est pas un smartphone très pratique non plus. Lourd et imposant (172,8 x 77,3 x 10,3 mm pour 245g), il ne conviendra pas à la plupart des utilisateurs. Et s’il s’adresse avant tout à un public de joueurs, il n’en demeure pas moins un appareil que l’on manipule quotidiennement (non sans peine).

Les accessoires

Autrefois très (trop ?) généreux en accessoires, Asus revoit sa copie et se montre un peu plus raisonnable cette année. Le ROG Phone 5 est ainsi compatible avec la plupart des accessoires accompagnant le ROG Phone 3, à quelques exceptions près.

Le ROG Clip (support pour manettes) et les ROG Kunai (manettes façon Nintendo Switch) reviennent dans une nouvelle édition conçue pour le ROG Phone 5. Ceux possédant déjà les ROG Kunai II devront repasser à la caisse ou se contenter d’une connexion en Bluetooth au ROG Phone 5, en attendant un bumper permettant d’adapter les accessoires à son nouveau port propriétaire.

Pas de nouveau ROG Phone sans son ventilateur portable. Le constructeur accompagne donc les versions Pro et Ultimate de l’AeroCooler 5. Ceux optant pour le ROG Phone 5 « classique » devront remettre la main au portefeuille (59€).

Enfin, certaines références disparaissent complètement des radars. Le Mobile Desktop Dock (transforme le ROG Phone en petit PC de jeu) et le ROG TwinView (ajoute un second écran) n’ont pas trouvé leur public. Celles et ceux ayant dépensé une petite fortune dans ces accessoires ne pourront donc pas les utiliser avec le ROG Phone 5.

Écran et audio

Asus met les petites LED dans l’écran et équipe son ROG Phone 5 d’une dalle AMOLED 10-bit de 6,78” développée sur-mesure par les ingénieurs de Samsung. Au programme : définition Full HD+, fréquence de rafraîchissement de 144 Hz adaptative, échantillonnage tactile de 300 Hz, 24,3 ms de latence au toucher, 18 ms au glisser et compatibilité HDR10+. Le tout est protégé par un verre Gorilla Victus de Corning.

Certains s’interrogeront sur le choix d’une définition FHD+ plutôt que QHD+. « Nous avons préféré maintenir un framerate le plus stable et le plus longtemps possible » explique Asus France.

Dans les faits, l’écran du ROG Phone 5 s’impose sans aucun doute comme le meilleur du marché à l’heure actuelle. Tout juste pouvons-nous lui reprocher une température des couleurs un poil froide (bleue) par défaut. Nous recommandons donc d’opter pour le mode « cinématique », disponible dans les paramètres d’affichage, pour profiter pleinement de ce sublime écran.

Qu’il s’agisse d’usages courants (navigation web, réseaux sociaux), de multimédia ou (évidemment) de jeu, l’écran du ROG Phone 5 est un régal pour les pupilles.

Audio de compet’

Smartphone gaming oblige, l’audio joue un rôle primordial dans l’expérience de jeu. Asus reprend donc les ingrédients de ses prédécesseurs. Deux « vrais » haut-parleurs de 12 x 16 mm sont disposés en façade et s’adaptent à l’orientation de smartphone pour maintenir un haut niveau d’immersion durant les sessions de jeu. Aussi le ROG Phone 5 est certifié Hi-Res Audio.

Le travail des ingénieurs permet au ROG Phone 5 d’obtenir la note de 79/100 sur le site DxOMark Audio, nouvelle référence en la matière. Et on comprend pourquoi.

Le ROG Phone 5 délivre un son puissant et toujours maîtrisé. Les basses sont percutantes mais ne prennent jamais le dessus sur les autres fréquences. Les aigus et médiums sont aussi très bien équilibrés, même avec un volume élevé.

Le ROG Phone 5 signe surtout le retour du jack 3,5 mm, pourtant abandonné sur le modèle précédent. Asus explique que la puce Snapdragon 888 avec modem 5G intégré a permis de récupérer de l’espace pour le port jack. Le constructeur s’est même permis d’ajouter un DAC ESS, tant qu’à faire.

L’écoute avec casque filaire se révèle donc encore plus confortable. Le taïwanais s’est en effet associé à DIRAC, référence de l’audio, pour optimiser la qualité de son. AudioWizard – interface développée en partenariat avec DIRAC – propose quatre modes d’écoute (Dynamic, Music, Cinema et Game) ainsi qu’un égaliseur 10 bandes pour personnaliser l’écoute dans les moindres détails.

Les amateurs d’accessoires sans fil en auront aussi pour leurs oreilles. Compatible Bluetooth 5.2, le ROG Phone 5 prend en charge les codecs SBC, AAC, aptXHD et LDAC. Que demander de plus ?

Performances et interface

Asus met le paquet pour délivrer une puissance hors norme. Le ROG Phone 5 embarque la puce Snapdragon 888 de Qualcomm, la plus performante du marché à l’heure actuelle. Sur notre modèle de test, elle s’accompagne de 16 Go de RAM LPDDR5 (vous avez bien lu) et 256 Go de stockage UFS 3.1.

À la lecture de ces lignes, on comprend vite que le ROG Phone 5 est une démonstration de force d’Asus. En 2021, un smartphone peut contenir autant de RAM qu’un PC taillé pour la créativité ou le jeu (on ne parle même pas de la version Ultimate et ses 18 Go de RAM !). Et si cela peut sembler bien futile sur nos marchés européens, cette stratégie prend tout son sens en Asie où le jeu mobile explose tous les scores.

Forcément, avec cet arsenal de composants dernier cri, le ROG Phone 5 peut tout faire. Des usages quotidiens aux applications les plus exigeantes, rien ne lui résiste. En activant le « Mode X » (qui booste les performances), le ROG Phone 5 surclasse toute la concurrence, y compris le Mi 11 de Xiaomi et le Find X3 Pro d’OPPO, pourtant tous deux équipés du même processeur.

Pour régler les problèmes de chauffe, Asus reprend les mêmes bases que sur le modèle précédent. Le ROG Phone 5 embarque ainsi un système de refroidissement combinant chambre à vapeur, feuilles de graphite et nouvelle disposition des composants pour une meilleure dissipation de la chaleur (concentrée au centre de l’appareil).

Pour les joueurs insatiables, le nouveau AeroCooler 5 se chargera de réduire de 2 ou 3 degrés supplémentaires la température du smartphone. Pas vraiment utile, l’excellent travail des ingénieurs permettant de ne jamais vraiment ressentir de gêne.

Amoury Crate

Ceux qui doutaient du bien fondé de nos propos sur le design du ROG Phone 5 rejoindront probablement nos rangs en découvrant l’interface ROG UI. Installée par défaut, cette surcouche se caractérise par une charte graphique très « gaming ». Probablement conscient de l’esthétique discutable de son interface, Asus propose de remplacer ROG UI par Zen UI. Seule la façade change, les fondements reposant sur une version stock d’Android 11 sur laquelle nous ne nous attarderons pas.

La particularité de l’interface repose en réalité sur deux fonctions que les habitués de ROG Phone connaissent. Armoury Crate est un espace virtuel regroupant tous les jeux installés sur le smartphone. Un carrousel permet de basculer d’un jeu à l’autre, d’accéder à des options d’optimisation des performances, à des profils de jeu, ou encore à la personnalisation des commandes, notamment les AirTriggers, plus redoutables que jamais.

Game Genie est un assistant auquel on peut accéder durant une partie. Il permet, entre autres, d’activer le Mode X, de gérer les notifications, la fréquence d’affichage mais surtout de remapper les AirTriggers (choisir la zone sur l’écran que la gâchette activera).

Grâce à Armoury Crate et Game Genie, le ROG Phone 5 passe alors de smartphone à véritable console portable. En y associant une manette, on y verrait presque que du feu. Presque, car les grandes absentes de cette belle aventure restent les licences compatibles avec ces innombrables fonctionnalités développées par Asus. Et comme chacun le sait, la meilleure console de jeu qui soit sans les jeux qui l’accompagnent n’a que peu d’intérêt (qui a dit PS5 ?).

Autonomie et recharge

Pour alimenter tout ce beau monde, Asus équipe le ROG Phone 5 de deux batteries de 3000 mAh, soit une capacité totale de 6000 mAh (Bac S Option Maths, tu connais).

L’autonomie de ce mastodonte dépendra fortement de la fréquence et de la durée des sessions de jeu ainsi que des paramètres d’affichage. Comptez une journée et demie avec la fréquence de rafraîchissement automatique et deux à trois heures de jeu avec le “Mode X”. Asus améliore ainsi significativement l’autonomie du ROG Phone 3, déjà très bonne. On peut aisément atteindre les deux jours d’utilisation avec une seule charge, à condition de limiter les sessions de jeu, ce qui, admettons-le, retirerait tout intérêt à ce smartphone.

L’année dernière, le ROG Phone 3 s’accompagnait d’un chargeur de 30W un peu juste au regard de la capacité de la batterie. Asus nous a entendus et livre donc son ROG Phone 5 avec une chargeur de 65W lui permettant de faire le plein d’énergie en 50 minutes. Les plus impatients pourront récupérer près de 80% de batterie en 30 minutes seulement. En revanche, la charge sans fil est toujours aux abonnés absents.

On se consolera avec les multiples optimisations logicielles permettant d’allonger la durée de vie de la batterie. En plus de la charge lente, programmée et limitée (pas plus d’un certain pourcentage) inaugurées avec le dernier Zenfone, Asus lance Bypass Charging. Ce nouveau mode de recharge permet de jouer avec le smartphone branché mais l’énergie ne passe pas par les batteries. Elle alimente directement le ROG Phone 5 à la manière d’un PC fixe. Malin.

Appareil photo

On ne s’attardera pas sur le paragraphe consacré à la photographie, et ce pour deux raisons. D’abord parce que la photo ne figure pas parmi les priorités des constructeurs de smartphones gaming, ensuite parce que le ROG Phone 5 hérite du même module photo que son prédécesseur. Ainsi, on retrouve :

  • un grand angle : objectif de 26 mm (f/1,8) ; capteur Sony IMX 686 de 64 MP (1/1,72’’ ; photosite de 0,8 µm) ; PDAF
  • un ultra grand-angle : objectif de 11 mm (f/2,4) ; capteur de 13 MP , Champ de vision 125°
  • un objectif macro (f/2) ; capteur de 5 MP

Pourquoi avoir choisi de n’opérer aucun changement ? Tout simplement parce que de nouvelles optiques auraient impliqué l’écriture de tous nouveaux algorithmes explique Asus. Le constructeur a donc préféré que sa petite équipe d’ingénieurs photo se consacre à l’optimisation des algorithmes développés pour le ROG Phone 3. Pourquoi pas.

De manière générale, les améliorations ne sont pas flagrantes. Les clichés shootés au grand-angle conservent ces teintes neutres aux antipodes de ce que propose Samsung. Les puristes apprécieront. On observe toutefois une légère diffraction à mesure que l’on s’éloigne du centre de la photo. Pas de quoi s’offusquer non plus, les résultats restent convaincants pour un smartphone gaming.

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