Refka venait de retirer sa plainte contre son mari… mais ce dernier lui a quand même ôté la vie

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Tunisie-Tribune (Refka) – Dimanche 9 mai 2021, Refka Cherni, une jeune femme à la fleur de l’âge et mère de trois enfants a rendu son dernier souffle, après avoir reçu cinq balles tirées par son mari.

Ce drame, loin d’être le premier en Tunisie, a enflammé la toile, en mettant à nu une triste réalité marquée par la violence et le machisme : Un fléau de plus en plus banalisé dans notre société où la femme est censée occuper une place importante.

Le mari- bourreau :

Le mari de Refka, devenu son bourreau, est un agent de la Garde nationale. Il lui a tiré dessus, à cinq reprises, avec son arme de service pour lui donner la mort et ce, deux jours après qu’elle ait déposé une plainte pour violence conjugale. En effet, il ne s’agit pas de sa première plainte auprès des autorités. Elle en avait déposé plusieurs auparavant… en vain.

Pis encore, elle a même retiré la dernière, compte tenu des liens familiaux avec son assassin (mari), selon ce qu’a déclaré, le porte-parole du Tribunal de première instance au Kaf, Faouzi Daoudi, à Mosaïque FM.

Ces « liens familiaux » ont coûté la vie à Refka. Mais est-ce qu’elle voulait vraiment pardonner à son mari ? Est-ce qu’elle voulait vraiment retirer la plainte qu’elle avait déposé ou est ce qu’on lui a mis la pression ? Seul le tueur qui n’est autre que son mari pourrait apporter des éclaircissements sur ce point.

Des centaines de femmes sont, comme Refka, agressées, maltraitées, violées, brutalisées et torturées par leurs conjoints,  frères ou pères, face à un silence assourdissant qui mène, la plupart du temps, à la banalisation voire à l’impunité des crimes semblables à celui ayant causé le décès de la jeune Refka.

Violence à l’égard des femmes en Tunisie :

La violence à l’égard des femmes est un phénomène qui date depuis longtemps, notamment en Tunisie.Il s’est accentué en raison de plusieurs facteurs, particulièrement, le confinement décrété à cause de la pandémie du coronavirus.

En mars 2020, lors du premier confinement, la  ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées avait déclaré que le nombre d’alertes de femmes victimes de violences reçues sur le numéro vert 1899 a été multiplié par cinq, durant le confinement de l’année dernière.

Dans ce même contexte, l’Association tunisienne des Femmes démocrates avait indiqué, dans son rapport, que 75 % des femmes en Tunisie ont été victimes de violences durant le confinement général en mars 2020.
Et les chiffres continueront à grimper tant que les agresseurs, violeurs et tueurs demeurent impunis.

Que dit la loi ? 

La loi organique 58 décrétée en 2017 est  destinée à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette loi adopte une définition large de la violence en prenant en compte les violences physiques, morales, sexuelles, économiques et politiques. Son approche est globale et vise à :

Prévenir les violences faites aux femmes,
Protéger les victimes sur les plans juridiques, physiques et psychologiques,
Poursuivre les auteurs des violences faites aux femmes et leur imposer un suivi,
Prendre en charge les victimes à travers un accompagnement spécifique.

Il est à noter que suite au meurtre de la jeune femme, les hashtags « Say Her Name », « Dites son nom » et « Refka Cherni » ont été relayés par des internautes qui dénoncent l’impunité et la banalisation de ce genre crime… en attendant la prise de nouvelles mesures pour enrayer ce fléau car  Refka ne sera, malheureusement, pas la dernière victime.

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