Afghanistan : témoignages des femmes en détresse depuis le retour des Talibans… Terrorisées, elles s’effacent et se préparent à être mariées de force aux combattants

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  • Depuis que la capitale, Kaboul, est tombée, les femmes racontent comment elles s’effacent et se préparent à la terreur.
  • Certaines cachent leur diplôme, d’autres ne peuvent déjà plus travailler.
  • Les jeunes filles de plus de 15 ans sont destinées à se marier de force aux combattants talibans

Tunisie Tribune (Afghanistan : témoignages des femmes en détresse) – “Avec beaucoup de douleur, j’ai fermé l’ordinateur qui me permettait d’aider mon peuple et ma communauté depuis quatre ans. J’ai quitté mon bureau les larmes aux yeux et j’ai dit au revoir à mes collègues. Je savais que c’était mon dernier jour au travail”. Ces mots, ce sont ceux d’une fonctionnaire de Kaboul, la capitale afghane, rapportés dans le Guardian, par sa sœur.

Alors que le pays est tombé tout entier aux mains des Talibans après une campagne de reconquête éclair, quelques voix des femmes nous parviennent. Incompréhension, sidération, colère et peur, bien sûr, d’avoir à vivre sous le joug des fondamentalistes, de voir toute liberté leur être retirée, de devenir comme vingt ans auparavant des esclaves des hommes au pouvoir.

Une priorité, “cacher nos papiers d’identité, nos diplômes”

Cette habitante de Kaboul qui pour des raisons évidentes de sécurité témoigne au Guardian anonymement raconte aussi la panique qu’éprouvaient les étudiantes qui

Certains hommes qu’elles croisent se moquent d’elles et du sort que le réserveront les Talibans. En arrivant chez elle, avec ses sœurs, elles ont une priorité, “cacher nos papiers d’identité, nos diplômes”. Progressivement, la mort dans l’âme, elles s’effacent. “J’aime me faire les ongles. Aujourd’hui, en rentrant chez moi, je suis passée devant le salon de beauté où j’avais l’habitude d’aller. La vitrine était décorée avec de belles photos de filles, il a été repeint en blanc pendant la nuit.”

“Comment survivre ici ou comment s’enfuir”

Les sévices subis par les femmes quand les Talibans étaient au pouvoir ont été racontés aux plus jeunes, d’autres s’en souviennent, pour les avoir vécus. La professeure agrégée à la Faculté de droit de l’Université de McGill à Montréal, Vrinda Narain, rappelle dans une tribune, qu’au début du mois de juillet 2021, les chefs Talibans ont transmis des ordres aux autorités religieuses des provinces afghanes qu’ils avaient acquises pour qu’ils leur transmettent une liste des filles de plus de 15 ans et des veuves de moins de 45 ans pour les marier à des combattants Talibans.

À l’agence AP, Zahra, 26 ans se confie aussi. Elle vit dans la troisième plus grande ville du pays, Herat. Sous le choc, cette salariée d’une association qui vient en aide aux femmes se demande: “Comment est-il possible pour moi en tant que femme qui a travaillé si dur et qui a essayé d’apprendre et d’avancer, d’avoir maintenant à me cacher et à rester chez moi.” Zahra ne va plus au travail depuis un mois, elle télétravaillait jusqu’à présent, mais depuis jeudi 12 août, même cette possibilité lui a été retirée.

Est-ce que ces femmes vivront le même calvaire que leurs aînées vingt ans auparavant ?  les Talibans ont affirmé qu’ils respecteraient les droits humains s’ils revenaient au pouvoir en Afghanistan, en particulier ceux des femmes, mais ce serait en accord avec leurs “valeurs islamiques”.

Un timide espoir demeure. Marianne O’Grady, la directrice adjointe de l’ONG Care International en Afghanistan pense que les avancées des droits des femmes des deux dernières décades seront difficiles à effacer, même si les Talibans sont de retour. “Vous ne pouvez pas déséduquer des millions de personnes”, espère-t-elle auprès d’AP. Si les femmes “sont de retour derrière les murs et dans l’incapacité de sortir, au moins pourront-elles éduquer leurs cousins, leurs voisins et leurs propres enfants, c’était impossible il y a encore 25 ans”.

Source : huffington post

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