Quatre partis exhortent Kaïs Saïed à faire marche arrière, et mettent en garde contre « la libanisation de la Tunisie »

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Tunisie Tribune (libanisation de la Tunisie) – Une fuite en avant… C’est de la sorte que les partis Attayar, Afek Tounes, Al-Joumhouri et Ettakatol ont qualifié les dernières mesures exceptionnelles prises par Kaïs Saïed.

Il y a quelques jours, ces quatre partis politiques ont décidé de s’allier au sein d’une coordination afin de convaincre le président de la république de faire machine arrière en ce qui concerne le décret 117.

Réunis ce mardi pour leur première conférence de presse conjointe, leurs leaders se sont relayés pour exposer leur vision de l’actuelle situation politique.

Le premier à prendre la parole est le Secrétaire Général du Courant Démocrate, Ghazi Chaouachi. Selon lui, Kaïs Saïed viole la constitution et est donc hors la loi. « Au 25 juillet, nous avions approuvé la démarche du président de la république mais la mauvaise surprise a été faite le 22 septembre dernier avec le décret 117 émis par Kaïs Saïed », a-t-il déclaré.

Ghazi Chouachi a également indiqué que le chef de l’Etat n’était pas en train de s’acquitter de sa principale prérogative qui est celle de défendre les intérêts du peuple tunisien. « Aujourd’hui, il est dans une logique d’accaparement de tous les pouvoirs », souligne-t-il, ajoutant que « la constitution est devenue un objet de caprice pour le président de la république, il est en train de réaliser un projet personnel sur le dos des Tunisiens ».

Il a, par ailleurs, dénoncé l’arrêt total de toutes les institutions de contrôle, comme celle de la lutte contre la corruption ou encore l’instance de contrôle de la constitutionnalité des lois.

Le chef de file du parti Attayar exhorte Kaïs Saïed à revenir sur ce fameux décret 117 afin, dit-il, « d’être en toute légalité avec la constitution », insistant sur le fait que « la constitution est la seule garante de la démocratie et  ne peut pas être balayée d’un revers de main ».

Il appelle également à la mise en place d’un débat national afin « d’éviter les guerres de légalité ».

Une période sombre de l’histoire de la Tunisie

Le Secrétaire Général du parti Al Joumhouri, Issam Chebbi, a affirmé que la Tunisie vit une des périodes les plus sombres de son histoire. Il a indiqué a cet égard que Kaïs Saïed avait profité de cette situation pour réaliser un objectif personnel.

Chebbi a mis en avant l’importance de revenir à la constitution de 2014, qui selon lui, est celle de la révolution. « Kaïs Saïed a mis la constitution de côté et s’est accaparé tous les pouvoirs. Depuis le 22 septembre, il y a une véritable atteinte aux libertés », a-t-il déploré.

D’autre part, il dénonce le fait que depuis 60 jours, le président de la république n’a fait aucune démarche afin de rencontrer les différents partis qui composent le paysage politique tunisien. « Saïed s’est entretenu avec des parties étrangères mais jamais avec des partis tunisiens. Il refuse complètement le débat ! », lance Issam Chebbi.

En ce qui concerne la révision de la loi électorale évoquée par Kaïs Saïed, Chebbi a affirmé que « le chef de l’Etat veut l’adapter afin de servir ses propres intérêts ». « Une révision de cette loi est nécessaire, mais devra être menée de manière participative », a-t-il prôné.

Il a par ailleurs insisté sur l’urgence d’un retour au fonctionnement normal des institutions de l’Etat et notamment la nécessité de former rapidement un nouveau gouvernement. « Même du temps de la Régence, la Tunisie n’est jamais restée sans gouvernement », a-t-il lancé.

Pour le dirigeant du parti Ettakatol, Khalil Zouaia, la Tunisie vit sous l’emprise « d’un pouvoir unique ». Il déplore une absence de vision et de stratégie afin de faire face aux défis économiques et sociaux, faisant notamment allusion à l’absence de feuille de route. « Dans aucun pays, le président de la république détient tous les pouvoirs et ne donne aucune vision claire sur sa stratégie nationale », dit-il.

Un point de vue également partagé par le président d’Afek Tounes,  Fadhel Abdelkefi. Il s’est notamment attardé sur les enjeux économiques et sociaux auxquels la Tunisie doit faire face dans cette période difficile. « Lors du discours de Kaïs Saïed à Sidi Bouzid qui a duré 45 minutes, il n’a parlé qu’une seule minute d’économie et de développement économique », déplore-t-il. D’ailleurs, toujours à propos du discours, Abdelkefi accuse le chef de l’Etat « de prendre les Tunisiens pour des enfants, des élèves ou des étudiants ».

Vision économique et sociale

En parlant de crise économique, le chef de file de Afek a déclaré que « la démocratie ne pouvait pas fonctionner sans vision économique et sociale claire ». A cet égard, il a pris l’exemple du Liban, qui suite à une crise politique à subi une grave crise économique ayant mené le pays au chaos. « Si nous n’arrivons pas à boucler notre budget, il y a des risques de libanisation de la Tunisie », a dit Abdelkefi.

« Il faut faire en sorte que les Tunisiens ne pensent plus qu’ils vivaient mieux avant le 14 janvier », a-t-il ajouté.

En attendant, si la majorité des partis politiques tunisiens rejettent les mesures exceptionnelles, la ferveur populaire envers le chef de l’Etat, est toujours présente.

Comme Kaïs Saïed, de nombreux Tunisiens considèrent désormais que le pays n’a pas besoin de partis politiques pour fonctionner correctement. Mais pour le mouvement de coordination de ces quatre partis, la vie politique sans partis est totalement inconcevable. « Aucune démocratie dans le monde ne fonctionnelle sans pluralité politique », a indiqué Issam Chebbi.

De son côté, Khalil Zaouia, dit qu’ « Il faut redonner la confiance aux Tunisiens en leur parlant de leur quotidien et des choses qui les préoccupe et ne pas s’enfermer dans une tour d’ivoire ».

Les représentants des quatre partis ont déclaré qu’il ne lâcheraient rien pour que le président Saïed revienne sur ses décisions et que tous les moyens légaux seront mis en œuvre afin de revenir à un fonctionnement normal des institutions et ce en respectant la constitution de 2014.

Les quatre formations politiques qui se disent être en phase de mobilisation, appellent tous les partis, personnes indépendantes ou associations de la société civile à rejoindre leur mouvement afin de « faire valoir la démocratie et éviter les dérives dictatoriales menée par le chef de l’Etat », en précisant que des mains ont été tendus à plusieurs partis et organisations comme le parti des travailleurs dirigé par Hamma Hammami, à l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ou encore au Syndicat national des journalistes Tunisiens . Ils ont, par la même occasion, rappelé avoir rencontré, récemment, le chef de la centrale syndicale, Noureddine Tabboubi.

Source : gnet

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