Crisis Group recommande à l’UE de soutenir la Tunisie

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Tunisie Tribune (Crisis Group)- Crisis Group – une ONG internationale à but non lucratif – a publié, jeudi 27 janvier 2022, sa watch list pour l’année 2022 et dans laquelle, l’organisation identifie une dizaine de pays qui font face à des crises majeures et établit un ensemble de recommandations pour les appuyer à plusieurs niveaux par l’Union européenne.

La Tunisie figure sur cette liste. « Le pays est confronté à un ensemble de défis économiques et sociaux de taille. Pourtant, ses dirigeants disposent de moyens limités pour s’attaquer à ces problèmes ou répondre aux attentes de la population », affirme Crisis Group, soulignant que « la pression étrangère et la surenchère populiste pourraient exacerber la bipolarisation entre les forces pro et anti-Saïed, pousser le président vers une répression croissante qui, à son tour, pourrait attiser davantage les tensions et la violence, augmentant le risque de troubles politiques ».

Partant de ce constat, l’ONG recommande à l’Union européenne de :

– Maintenir la coopération bilatérale par l’intermédiaire de l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI) pour la période 2021-2027, se concentrer, en particulier, sur les causes profondes des troubles populaires, et donner la priorité aux programmes de coopération susceptibles d’aider les autorités tunisiennes à offrir aux populations de l’intérieur du pays de plus grandes opportunités économiques et un accès plus fluide au crédit, à éviter les mesures juridiques répressives portant atteinte aux libertés, et à introduire des critères clairs en termes de nomination des hauts fonctionnaires afin de clarifier les relations entre l’État et les partis politiques.

– Offrir à la Tunisie des incitations économiques supplémentaires au cas où le président Kaïs Saïed se décide à réviser sa feuille de route politique pour y inclure un retour à la constitutionnalité par l’intermédiaire d’un dialogue national inclusif. L’Europe pourrait ainsi appuyer la Tunisie dans une intégration plus efficace dans l’espace européen à travers l’organisation d’une conférence sur la Tunisie en la présence des pays du G7, à titre d’exemple. Elle pourrait aussi accompagner le pays dans sa transformation technologique et industrielle

 

Crisis Group a, par ailleurs, fait part d’un ensemble d’éventuels risques qui pourraient frapper le pays si Kaïs Saïed choisissait de continuer « dans son discours populiste sur la souveraineté pour détourner l’attention des questions économiques et sociales ». Cela pourrait, selon l’ONG, « déclencher des réactions incontrôlables au sein de la population, telles que des manifestations dans les ambassades et délégations étrangères (…) et d’autres violences si Saïed bouleverse les rapports de force locaux au nom de la lutte contre la corruption et avec l’intention de renforcer l’influence de ses partisans dans des domaines particuliers ».

 

Evoquant les risques économiques, Grisis Group signale que la Tunisie  « pourrait être forcée, à court et moyen terme, soit de restructurer sa dette publique en sollicitant le Club de Paris, soit de déclarer la faillite ». « Dans les deux cas, les retombées socio-économiques seraient douloureuses. La restructuration de la dette, bien que moins onéreuse que la deuxième option, aurait un impact sévère sur la population. Les effets pourraient comprendre, entre autres, la dépréciation de la monnaie, la privatisation des entreprises publiques, le gel des salaires du secteur public et les retraites anticipées forcées, une réduction drastique des importations (déclenchant probablement des pénuries chroniques de biens essentiels), une augmentation nette du chômage et de l’inflation, et le risque de l’insolvabilité des banques publiques », explique l’ONG.

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