Le mea-culpa des banques centrales

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Tunisie Tribune (banques centrales) – Réunis a Sintra pour le Forum de la Banque centrale européenne, la présidente de la BCE, le patron de la Fed et le gouverneur de la banque d’Angleterre ont réaffirmé leur volonté de combattre l’inflation galopante. Tout en reconnaissant qu’ils s’étaient trompés dans leur appréhension du phénomène.
C’était l’événement à ne pas manquer pour les spécialistes des banques centrales. Ce mercredi après-midi, dans la ville portugaise de Sintra, le forum de la Banque centrale européenne accueillait quatre intervenants de marque.
Christine Lagarde, présidente de la BCE, s’est entretenue avec Jerome Powell, le patron de la Fed, Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, et Agustín Carstens, le directeur général de la Banque des règlements internationaux, la banque centrale des banques centrales.
Au menu de la discussion, le sujet qui les hante actuellement : la lutte contre l’inflation. Et les échanges ont donné lieu à un mea culpa rare chez les banquiers centraux. Ces derniers ont en effet reconnu qu’ils s’étaient trompés dans leur appréhension du mouvement de hausse des prix le plus violent des quarante dernières années.

« Je pense que nous comprenons mieux aujourd’hui à quel point nous comprenons peu [la dynamique de l’inflation] », a ainsi confessé Jerome Powell.

Situation exceptionnelle
Il est vrai que la situation était tout à fait exceptionnelle, entre crise du Covid, relance budgétaire, difficultés d’approvisionnement, et invasion de l’Ukraine par la Russie. « Nous avons connu une série de grands chocs, sans respiration entre eux, ce qui s’est bien sûr répercuté sur les anticipations d’inflation. Quand on les met ensemble, ils ne sont plus transitoires ​au sens traditionnel du terme », a souligné Andrew Bailey.

« Nous savons que les modèles [de prévisions économiques] ont des lacunes », a reconnu Christine Lagarde, estimant notamment « très difficile » de mesurer l’éventuel impact du choc énergétique en cas d’embargo sur le gaz russe. Dans ce contexte, savoir prendre les bonnes mesures pour contrer l’inflation « n’est pas une science exacte, mais une forme d’art », a-t-elle poursuivi. Les banquiers centraux ont souligné que la situation nécessitait d’adopter une stratégie souple , qui s’adaptera en fonction des données économiques.

Nouvelle ère
Ce qui est certain, pour les intervenants, c’est que nous sommes désormais entrés dans une nouvelle ère. « Je ne pense pas que nous allons revenir à un environnement de faible inflation », a ainsi affirmé Christine Lagarde. « Nous apprenons à faire avec », a confirmé Jerome Powell. Ce dernier vient de mener la remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine la plus rapide depuis plus de trente ans .
Une violence qui alimente les craintes d’une récession outre-Atlantique. D’autant qu’il avait lui-même reconnu, devant le Sénat américain, que l’hypothèse était crédible . A Sintra, il s’est voulu plus rassurant. Il a affirmé qu’il était possible de poursuivre la remontée des taux sans tuer la croissance. « Mais ce sera plutôt compliqué », a-t-il ajouté, précisant que « la plus grande erreur [de la Fed] serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix ».

Craintes
Cette perspective n’a pas rasséréné les marchés. Les Bourses européennes ont fini dans le rouge, le CAC 40 cédant 0,90 % à la clôture. Surtout face au risque de récession, les investisseurs se sont reportés sur les valeurs refuges, au premier rang desquels les dettes d’Etat. Cet afflux de demande a fait baisser mercredi après-midi les rendements des obligations souveraines américaines de 6 points de base (pb) et plus de 10 pb pour les européennes. Le 10 ans français est ainsi redescendu vers 2

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