Tunisie : la hausse des taux intérêts américains rendrait difficile l’accès aux marchés financiers

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Tunisie Tribune (taux intérêts américains) – La capacité de la Tunisie à accéder aux marchés financiers internationaux pour mobiliser des prêts diminue à chaque nouvelle hausse du taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine et ce, dans un contexte où les agences de notation mettent en garde contre la possibilité que le pays connaisse un accrochage au niveau du paiement de ses dettes et pourrait entrer ainsi dans une phase de détresse financière.

La hausse récente des taux d’intérêt américains de 75 points de base pour la deuxième fois consécutive, pour atteindre entre 2,25% et 2,5%, limite l’accès des autorités aux financements extérieurs, alors que les besoins de financement du budget augmentent, avec un déficit primaire estimé à 9% du PIB.

Bien que la Tunisie ne soit pas classée parmi les pays qui ont de fortes transactions en dollars, elle n’est pas loin des répercussions de la politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale pour faire face aux taux d’inflation rampants, qui ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis près de 40 ans.

Il est certain que cette situation complique la position marquée par la montée des besoins de la Tunisie aux fonds extérieurs pour financer le budget et les réformes économiques qu’elle entend mettre en œuvre pour parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international.

La Tunisie a besoin de mobiliser des ressources extérieures de pas moins de 4 milliards de dollars pour financer le budget, et ce, selon ce qui a été arrêté dans la loi des finances, dans un contexte où la valeur du dollar ne cesse de s’apprécier face à la monnaie locale et le reste des monnaies au titre desquelles est libellée la dette tunisienne.

De ce fait, les bailleurs de fonds internationaux pourraient octroyer à la Tunisie qui connait des difficultés économiques et financiers des prêts à des taux d’intérêt élevés pouvant atteindre les deux chiffres, ce qui pourrait porter l’encours de la dette extérieure à des niveaux records.

Selon les données sur le budget pour 2022, la dette publique de l’Etat s’élèvera à fin 2022 à 114 milliards de dinars, contre 107 milliards de dinars en 2021, ce qui correspond à une augmentation de plus de 6 milliards de dinars. La dette de la Tunisie en euro est d’environ 54,79% du total de la dette tandis que la dette en dollars maintient presque la même part de 2021 et qui est estimée à 17,53%.

Selon les estimations officielles, une augmentation des taux de change par rapport au dinar de 1% en moyenne entraîne un accroissement du volume de la dette publique d’environ 766 millions de dinars, soit environ 0,55% du produit intérieur brut.

Rappelons que le Fonds monétaire international a de nouveau abaissé dans un rapport paru le 26 juillet ses prévisions de croissance à l’échelle mondiale. Il évoque, à cet effet, que les risques baissiers résultant de l’inflation galopante et de la guerre russo-ukrainienne sont effectivement pesants et pourraient basculer l’économie mondiale dans la récession si des mesures ne seront pas prises.

L’inflation mondiale a été revue à la hausse du fait de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que des déséquilibres persistants de l’offre et de la demande. Elle devrait atteindre 6,6% dans les pays avancés et 9,5% dans les pays émergents et les pays en développement cette année, soit une révision à la hausse de 0,9 et 0,8 point de pourcentage, respectivement. En 2023, la politique monétaire désinflationniste devrait faire sentir ses effets, et la production mondiale augmenter de seulement 2,9%.

Selon le FMI, alors que la hausse des prix continue d’amputer considérablement les niveaux de vie dans le monde entier, il faudrait en priorité que les décideurs modèrent l’inflation. Un durcissement de la politique monétaire aura inévitablement des coûts économiques réels, mais tout retard ne fera que les exacerber.

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