Le numérique et l’IA, leviers d‘amélioration du SIS… par le Dr Ridha Kechrid au 8ème Forum de Réalités sur la santé numérique

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Tunisie-Tribune (Le numérique et l’IA, leviers d‘amélioration du SIS… par le Dr Ridha Kechrid) – Ci-après l’intégralité de l’intervention du Dr Mohamed Ridha Kechrid, président du Comité scientifique du forum de la santé numérique au 8ème Forum international de Réalités sur la santé numérique, tenu à Hammammet à Hambra Hôtel.

  • Le numérique et l’Intelligence Artificielle, passage obligé pour l’efficience du système de soins… 

  • Ils permettront la valorisation de notre base de données liée à la santé.

  • Mais le numérique en santé ne se substitue en aucun cas à la médecine humaine et au face-à-face avec un professionnel de santé.

« Il va de soi que la réforme du système de santé, passe inéluctablement par la modernisation du Système d’Information sanitaire 

L’actuel SIS n’assure sa  fonction que  partiellement en raison du:

– cloisonnement entre les nombreux sous-systèmes qui composent le SIS et du déficit de communication entre eux

– parfois le déploiement insuffisant des nouvelles technologies

 

A la fin du siécle dernier la santé numérique paraissait comme un gadget ou plutôt un sujet réservé à quelques initiés avertis, et précurseurs…

 

Aujourd’hui, et surtout depuis l’installation de la pandémie de la COVID 19,  le numérique est entré dans la vie des professionnels de la santé ainsi que celle de nombreux citoyens . 

Le numérique est entré dans le foyer de nombreuses familles et n’est sûrement pas prêt d’en sortir ! Bien au contraire, il va devenir un réflexe, presque banal et c’est tant mieux

Les conditions sont  aujourd’hui réunies pour envisager l’accélération  du  virage numérique dans le domaine de la santé.

Notre pays a tous les atouts pour réussir le virage numérique dans le domaine de la santé ;

  * la volonté politique, 

 * des compétences qualifiées dans tous les domaines touchant au numérique  

  * les success stories de startups Tunisiennes

En Tunisie, la première expérience de liaison de télémédecine a eu lieu en 1996 , le ministère de la santé avait opté dans le cadre de son plan informatique stratégique pour son  introduction  comme outil de travail dans les établissements publics de la santé . Depuis, ce démarrage, 23 stations ont été installées dans différents hôpitaux publics et ont fonctionné plus ou moins régulièrement.

Certains services ont eu des liaisons avec des hôpitaux étrangers comme ceux  de Marseille, Toulouse, Nice et Rome.

La Société Tunisienne de Télémédecine et e-Santé a été crée en mars 1999.

   

La pandémie de la Covid 19  a  permis à la télésanté de sortir de son confinement et de  démontrer  toute son utilité avec le développement, des téléconsultations des téléexpertises  et des applications de traçage à grande échelle.

La plate forme pour les RDV à distance des tests et la plate forme EVAX pour les vaccinations ont été concues en un temps record par le CIMS et le CNI

  Cependant malgré l’intérêt suscité, et les programmes réalisés dans notre pays la technologie numérique reste appelée à évoluer davantage notamment dans le domaine de la gestion hospitalière : où de nombreux programmes informatiques ont fait l’objet d’investissements dans les hôpitaux dans le cadre d’une modernisation du fonctionnement administratif et financier ainsi que celui de certains services hospitaliers (Biologie, Pharmacie, Radiologie), cependant ces actions ne permettent pas, pour le moment, l’obtention d’un tableau de bord en temps réel, permettant Ia prise de décision au moment opportun.

L’interconnexion des différents logiciels constitue un enjeu majeur : L’objectif du système d’information Hospitalier étant  de faciliter la gestion de l’ensemble des informations médicales et administratives d’un hôpital : ensemble des éléments en interaction ayant pour objectif de rassembler, traiter et fournir les informations nécessaires à son activité.

Il est établi que le numérique et l’intelligence artificielle vont permettre – à moyen terme – d’améliorer les systèmes de santé, tant au niveau individuel que collectif.

Le numérique est doué d’une formidable capacité à moderniser les organisations et à les adapter au monde qui est le nôtre aujourd’hui.

Les avantages de la transformation numérique, évidents chez les décideurs, ne sont pas aussi clairs chez les exécutants qui réagissent parfois par une certaine réticence au changement.

L’émergence des nouvelles technologies a permis le développement de plusieurs startups de santé, de télésuivi, téléconsultation, téléexpertise, de la chirurgie robotique, l’odontologie assistée par ordinateur, la simulation pédagogique et le développement des médicaments du futur grâce à l’I.A.

 

Le numérique bouleverse déjà la formation initiale et continue des professionnels de santé

Pendant les longues périodes de confinement, lenumérique a permis d’assurer la continuité pédagogique.

Mais si le numérique est un levier d‘amélioration, il est actuellement admis que son pouvoir de transformation peut être nettement amplifié grâce à l’apport de l’intelligence artificielle.

L’utilisation de l’intelligence artificielle en santé permettra la valorisation de notre stock de données liées à la santé. Ces données massive (Big data) sont fournies par :

    -les dossiers de l’Assurance maladie :la CNAM est une mine de renseignements.

    – les fichiers des causes de décès 

    – dossiers médicaux des patients (résultats d’examens et d’imagerie, comptes rendus chirurgicaux, protocoles thérapeutiques…), etc. 

    – Données financiéres et comptables des structures sanitaires

Il existe beaucoup d’enjeux autour de toutes ces informations pour permettre leur utilisation optimale par l’IA. Il s’agit notamment de s’assurer de leur précision, de leur représentativité de la vie réelle, mais aussi de leur partage (ce qui nécessite un juste équilibre entre confidentialité des données et accès à ces données.)

Nul doute donc que l’IA va s’implanter très progressivement dans le domaine de la santé, avec des conséquences sur la relation patient/médecin et l’émergence de nouveaux enjeux éthiques.

Parler numérique en santé, cela peut faire craindre une médecine déshumanisée où chaque patient serait laissé seul avec les nouvelles technologies. 

Face à ces craintes je pense que : le numérique en santé ne se substitue en aucun cas à la médecine humaine et au face-à-face avec un professionnel de santé.

Au contraire, le numérique en santé permet de rapprocher les patients du  système de santé.

Il est impératif que  tous les acteurs du système sanitaire soient rassemblés aujourd’hui pour que ces avancées technologiques permettent une amélioration de l’état de santé de la population, et de l’efficience du système de soins.

Les citoyens, les professionnels, les établissements sanitaires, les startupers, et les pouvoirs publics, sont  tous dans le même bateau, tous ensemble ils sont appelés à construire une santé numérique efficiente, sécurisée, et inclusive où le patient est placé au centre du systéme.

Enfin , j’insiste sur le fait que la construction  du système d’information sanitaire est un processus laborieux qui ne peut se faire que par étapes ,à pas sûrs avec la participation et l’adhésion de tous les acteurs intervenant dans le secteur sanitaire. »

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