Tribune libre de Abdelaziz Gatri : Passeport diplomatique pour contrebandiers, évadés fiscaux et autres extrémistes

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Tunisie-Tribune (Passeport diplomatique) – L’Etat tunisien traverse la période la plus délicate de sa jeune existence et est menacé dans sa survie par les attaques terroristes intermittentes qui visent à engager son pronostic vital, la fraude fiscale et douanière, la contrebande et la corruption qui engagent sa survie financière, l’insécurité qui ébranle sa cohésion sociale, et une dégringolade des indicateurs économiques, financiers et sociaux à des niveaux jamais atteints. Les gouvernants post-révolution ont adopté des politiques privilégiant les intérêts des partis et des Etats étrangers qui les chaperonnent, ceux des monopoles de certains groupes familiaux et des multinationales, au détriment de l’Etat dont ils sont en charge.  Et pour couronner le tout, les services publics : administration, santé, éducation, justice et transports, sont en faillite.

Asphyxiés, éreintés par un long et coûteux processus électoral, les tunisiens attendaient impatiemment qu’une fois leur parlement installé, son président élu, ses commissions désignées, les députés veuillent enfin se consacrer à la réalisation des promesses mirobolantes dont ils les ont gavés en période de campagne pour redresser la barre.

Mal leur a pris, car à peine élus, Ghannouchi et consorts ont dédaigné les dizaines de projets de loi laissés en friche par la précédente législature et se sont attelés, toutes affaires incessantes, à se faire voter une loi leur attribuant des passeports diplomatiques, imitant leurs compères de la constituante qui, à minuit passée, se sont attribué de consistantes augmentations. Charité bien ordonnée…

Pour justifier cette « fleur », on avance moult alibis et subterfuges : elle leur éviterait l’humiliation de la demande de visa dont souffrent les citoyens qui les ont élus, les files d’attentes dans les aéroports et sauvegarderait le prestige des représentants de la nation.

Je ne suis ni ministre, ni député, ni gouverneur. Je suis fonctionnaire à la retraite exerçant la profession d’expert dans mon domaine d’activité. Pourtant, quand j’ai voulu obtenir un visa pour me rendre en Europe, j’ai rempli le formulaire et pris rendez-vous en ligne auprès de la société chargée par les chancelleries européennes d’instruire les dossiers de visa.

Malgré toutes les dérives qui ont entaché les élections législatives (et présidentielles), force est de constater que les instances compétentes en la matière, ISIE et tribunal administratif, ont entériné ses résultats. D’un point de vue purement formaliste, ce parlement est donc légal. Mais nous sommes en droit de nous demander si pour autant il est légitime. Car si en dictature, la légitimité est en raison inverse de la contrainte, en démocratie elle est en raison inverse de la tricherie, du contournement de la loi, sinon de la soustraction à la loi. Ainsi, compte tenu de tous les abus signalés, je pense que ce parlement est, au moins en partie, illégitime et que les députés dignes de cette haute fonction n’ont qu’à se désolidariser de ces parvenus qui considèrent le poste comme un investissement à fructifier, les dénoncer, voter contre cette loi scélérate et accélérer la procédure de levée de l’immunité gelée par leurs prédécesseurs. Autrement, ils sont à considérer comme des complices.

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